L'icône de la presse people, le porte-drapeau de la toute-puissance de l’argent, du mauvais usage que l'on peut en faire et et de la liberté qu’il confère, va faire un petit passage derrière les barreaux. L’arrière-petite-fille du fondateur de la célèbre chaîne d’hôtels Hilton devrait passer 45 jours en prison après avoir été verbalisée sur le Sunset Boulevard à Los Angeles; les phares de sa Bentley n'étaient pas allumés, elle roulait trop vite mais surtout elle roulait sans permis: il avait été suspendu en septembre dernier suite à son arrestation pour conduite en état d'ivresse, suivie d’une condamnation à trois ans de mise à l'épreuve.
Celle qui a tout et qui n’est rien, la jet-setteuse qui s’était fait connaître en diffusant sur l’internet une vidéo montrant ses ébats sexuels avec son petit ami, la star des magazines féminins et des centaines de sites internet qui la célèbrent, apparaît comme le produit ultime et caricatural d’une civilisation en pleine décadence. Le scandale n’est pas le personnage en lui-même: Paris n’est pas la première, parmi les rejetons de milliardaires, à transgresser la loi et donner un triste spectacle d’elle-même. L’inquiétant, c’est que, n’étant personne, elle soit si facilement arrivée à devenir «quelqu’un», un modèle pour des millions d’adolescentes qui ne rêvent que d’une chose: lui ressembler et avoir une vie comme la sienne.
Les valeurs qu’elle véhicule sont si totalement négatives que son personnage a quelque chose d’irréel. On la croirait créée de toutes pièces, peut-être par un démiurge bienveillant qui voudrait nous réveiller, nous secouer les puces en nous mettant sous le nez cette caricature vivante de l’Amérique et de la société occidentale dans son ensemble. Dans ce sens, chaque nouvelle frasque de Paris Hilton pourrait devenir un bénéfique rappel à l’ordre, une exhortation à ouvrir les yeux, à voir dans quel monde nous vivons: si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer.
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