Dans son édition d’hier, Libération consacre un article d’une page au phénomène du coaching, qui y est décrit comme une véritable addiction: des Français de plus en plus infantilisés tomberaient, de plus en plus nombreux, sous l’emprise des coachs. Ces personnages aux parcours des plus variés et à la physionomie professionnelle des plus incertaine, moitié thérapeutes, moitié gourous ou directeurs de conscience, proposent leurs services pour nous aider à résoudre tout et n’importe quoi: nous affirmer professionnellement, trouver l’âme-soeur, «gérer» un divorce, nous faire respecter de nos enfants ou des voisins, maigrir, arrêter de fumer, faire de l’ordre dans nos placards etc. «Le succès du coaching tient à cette illusion qu’un autre sait de moi ce que j’ignore et qui me serait tellement important pour «réaliser mon être»*. Le coach flatte l’ego de ses clients (Dieu que c’est bon que quelqu’un se penche sur leur cas !) et se présente comme le détenteur de vérités qui leur échappent. Après les bonnes vieilles dépendances à la voiture et à la télévision, les dépendances plus récentes au téléphone portable, à l’internet, à l’iPod, au blackberry… serions-nous en passe de devenir accros aux coachs?
En réalité, il n’y a pas là de quoi fouetter un coach. Pas de quoi s’étonner vraiment, vu que tout avait été prédit il y a des siècles, dans des textes indiens de l’époque shivaïte appelés purânä, qui décrivent le crépuscule du Kali Yuga (l’ère des conflits), le monde tel que nous le connaissons. De grands sages qui contrairement à nous avaient le don de clairvoyance, qui voyaient vraiment la réalité, avaient observé ce qui se passait autour d’eux. Avec une rigueur qu’envieraient nos meilleurs scientifiques, ils en avaient déduit ce qui allait se produire à long terme, selon l’implacable loi du karma, la loi de cause à effet. Quelques extraits de ces prédictions à propos des faux savoirs et des faux gourous:
«Les hommes du Kali Yuga choisissent de préférence les idées fausses. Dans l’âge de Kali se répandent de fausses doctrines et des écrits trompeurs… Des hommes vils qui auront acquis un certain savoir (sans avoir les vertus nécessaires à son usage) seront honorés comme des sages… Les gens accepteront comme articles de foi des théories promulguées par n’importe qui… Les hommes de peu d’intelligence, influencés par des théories aberrantes, vivront dans l’erreur » **.
Le manque de discernement qui caractérise notre époque était déjà là, en germe, il y a des milliers d’années. Tout ce qui se passe actuellement (y compris les coachs !) n’est que la conséquence d’un processus commencé il y a bien longtemps, que les pûranä indiens décrivent avec une précision époustouflante.
* »Mon entraîneur pour attraper l’âme-sœur » article signé Emmanuèle Peyret, paru dans Libération du 4 juin 07.
** « La fantaisie des dieux et l’aventure humaine » de Alain Daniélou, Ed. du Rocher 1985 (III° partie: Prédictions)
N.B. L’illustration est tirée du livre pour enfants «Mother Goose nursery rhymes» («Les contes de la Mère l’Oye»), illustré par Arthur Rackham.
Il est certain que dans la vie nous avons des épreuves souvent difficiles à traverser mais je trouve dangereux de se laisser diriger par quelqu’un d’autre en entier. Certes, selon les circonstances, nous avons besoin de consulter quelqu’un de compétent, un docteur, un avocat, un supérieur, nous confier à un(e) ami(e). Mais nous en remettre à un coach, pour purger nos placards ou suivre un régime, me semble immature. Cela sous-entend que nous ne sommes pas capable de nous prendre en main, je pense que dans ces conditions une psychothérapie serait plus utile à nous remettre en question…. !
Rédigé par : Maud-Isabelle Luciano | mardi 12 juin 2007 à 11h20