L’histoire est la suivante: lundi dernier 21 juillet, le quotidien La Repubblica a publié plusieurs photos prises sur une plage près de Naples. On y voit la mer, les rochers, les parasols, les gens allongés sur le sable…. Le problème c’est qu’au bord de l’eau quelqu’un a posé une grande serviette de bain, dont dépassent des pieds et des mains d’enfants. La serviette recouvre les cadavres de deux fillettes roms -11 et 12 ans- qui viennent de se noyer. Dans l’indifférence générale.
D’après le quotidien transalpin, personne n’a réagi, personne n’a posé la moindre question. Les gens ont continué à se bronzer, à se baigner, à téléphoner, à manger leur glace, à jouer au badminton, à la balle ou au sudoku, comme si de rien n’était… Quand les corps ont été mis dans des cercueils et transportés devant une file de transats, aucune des personnes allongées n’a manifesté le moindre émoi. Comme si tous étaient aveugles et sourds.
Quand je suis arrivée en Italie, en 1967, le pays était -ou du moins paraissait- très différent. Les gens étaient gais, ouverts aux autres, et me semblaient plus serviables et compassionnels que les Français. L’Italie était encore un pays où il faisait bon vivre. La gamine que j’étais ne pouvait comprendre à quel point le système était pourri, pourri dans ses racines: la bonne humeur et l’apparent altruisme n’étaient probablement que le résultat du miracolo economico et d’un bien-être jusqu’ici inconnu.
Petit à petit, la situation s’est dégradée, jusqu’à révéler l’Italie dans sa vérité de toujours : un pays qui n’est jamais devenu une nation, corrompu jusqu’à la moelle, patrie des rusés, des cyniques et des arrivistes de tout poil. Italiani, brava gente: si braves et si bons qu’ils élisent pour la troisième fois un vulgaire bandit, et n’ont pas la moindre réaction devant les corps de deux enfants. Pourquoi? Parce qu’il s’agit de petites romanichelles et qu’on ne veut pas de ce gens-là.
Et quand on ne veut pas quelqu’un ou quelque chose, on ne le voit pas, on ne l’entend pas. C’est bête comme chou.
Une chose est certaine : la France est loin d’être un paradis, mais je suis contente d’avoir quitté l’Italie.
Source : LE MONDE/23.07.08
Cette triste histoire a fait l´objet de nombreux commentaires sur les Blogs.
" 2 filletes roms sur une plage"
24/07/08. Paul Edel sur son Blog, et ses visiteurs me semblent faire assez bien le tour de la question qui pour moi n´est pas seulement italienne...
http://pauledel.blog.lemonde.fr/2008/07/24/deux-fillettes-roms-sur-une-plage/#comments
Et à Chalon sur Saône?
http://www.liberation.fr//actualite/societe/340902.FR.php?xtor=EPR-450206
Franchement, je ne vois pas de frontières dès qu´il s´agit du crime d´abandonner un enfant. L´inhumanité est collective, c´est comme le dit Claude, la dérive perverse du "chacun pour soi".
Rédigé par : Claudie | vendredi 25 juil 2008 à 21h37
Oui, l'inhumanité concerne tout le monde. Il n'empêche que l'Italie est un cas à part. Je suis toujours frappée par l'incroyable distance entre le pays tel qu'il est et la représentation que s'en font les étrangers, qui s'obstinent à voir l'Italie tels qu'ils la rêvent et à gommer ses laideurs. Comme les gens de la plage de Naples ont gommé les cadavres des petites roms.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | samedi 26 juil 2008 à 00h54
Oui, l'inhumanité concerne tout le monde. Il n'empêche que l'Italie est un cas à part. Je suis toujours frappée par l'incroyable distance entre le pays tel qu'il est et la représentation que s'en font les étrangers, qui s'obstinent à voir l'Italie tels qu'ils la rêvent et à gommer ses laideurs. Comme les gens de la plage de Naples ont gommé les cadavres des petites roms.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | samedi 26 juil 2008 à 00h55
Oui, l'inhumanité concerne tout le monde. Il n'empêche que l'Italie est un cas à part. Je suis toujours frappée par l'incroyable distance entre le pays tel qu'il est et la représentation que s'en font les étrangers, qui s'obstinent à voir l'Italie tels qu'ils la rêvent et à gommer ses laideurs. Comme les gens de la plage de Naples ont gommé les cadavres des petites roms.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | samedi 26 juil 2008 à 00h55