« Je me bats le jour, je me bats la nuit
batailles contre la mélancolie
cette vieille pieuvre toujours éveillée
qui me guette au coin des années
au coin des rues et des souvenirs
et lance son refrain mourir
alors que je veux vivre mille fois
que je veux aimer que je veux la joie
qu’il est temps enfin d’espérer
temps de croire temps de respirer »
Philippe Soupault «L’arme secrète»
Le second est qu’il s’agit chez certains d’un état chronique, avec des phases aigües et des périodes de rémission, et qu’il existe un rapport de force constamment à l’œuvre entre ce que Freud appelait Eros et Thanatos, la pulsion de vie et la pulsion de mort, et donc entre les facteurs de risque et les facteurs de protection. Comme si l'équilibre psychique ressemblait à une balance, dont il faut veiller à l'équilibre. Il ne s’agit donc pas d’occulter la dépression, mais au contraire trouver le courage de la regarder en face et apprendre à dialoguer avec elle car elle a beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes.
La dépression est un occupant sans visage et sans forme, toujours prêt à se faufiler dans la moindre petite faille pour nous tirer du côté du désespoir et de la mort. Certaines personnes sont plus exposées que d’autres: elles ont ce que le Dr. Breton appelle une «vulnérabilité biologique», qu’il traite en travaillant au renforcement des mécanismes de défense de ses jeunes patients.
La dépression concerne une quantité de gens, personnellement ou parce qu’elle afflige un de leurs proches. Refuser d’en tenir compte, c’est choisir de vivre à la surface des choses et de soi-même. Si se laisser croupir dans sa dépression est un choix de non-vie, l’ignorer revient à vivre à moitié.
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