Quand, chaque jour un peu plus, le monde semble avoir perdu la tête, il est réconfortant de constater qu'il existe encore des humains qui non seulement ont gardé la leur, mais s'emploient à l'utiliser au bénéfice de la communauté.
Le débat sur les signes religieux ostentatoires est un problème très complexe qui requiert d'être traité par avec beaucoup d'intelligence et de compétence. C'est ce que fait Élisabeth Badinter, comme en témoigne ce texte écrit en juillet dernier:
ADRESSE À CELLES QUI PORTENT VOLONTAIREMENT LA BURQA
"Après que les plus hautes autorités religieuses musulmanes ont déclaré que les vêtements qui couvrent la totalité du corps et du visage ne relèvent pas du commandement religieux mais de la tradition, wahhabite (Arabie Saoudite) pour l'un, pachtoune (Afghanistan/Pakistan) pour l'autre, allez-vous continuer à cacher l'intégralité de votre visage ? Ainsi dissimulée au regard d'autrui, vous devez bien vous rendre compte que vous suscitez la défiance et la peur, des enfants comme des adultes. Sommes-nous à ce point méprisables et impurs à vos yeux pour que vous nous refusiez tout contact, toute relation, et jusqu'à la connivence d'un sourire ? Dans une démocratie moderne, où l'on tente d'instaurer transparence et égalité des sexes, vous nous signifiez brutalement que tout ceci n'est pas votre affaire, que les relations avec les autres ne vous concernent pas et que nos combats ne sont pas les vôtres. Alors je m'interroge : pourquoi ne pas gagner les terres saoudiennes ou afghanes où nul ne vous de mandera de montrer votre visage, où vos filles seront voilées à leur tour, où votre époux pourra être polygame et vous répudier quand bon lui semble, ce qui fait tant souffrir nombre de femmes là- bas ? En vérité, vous utilisez les libertés démocratiques pour les retourner contre la démocratie. Subversion, provocation ou ignorance, le scandale est moins l'offense de votre rejet que la gifle que vous adressez à toutes vos soeurs opprimées qui, elles, risquent la mort pour jouir enfin des libertés que vous méprisez. C'est aujourd'hui votre choix, mais qui sait si demain vous ne serez pas heureuses de pouvoir en changer. Elles ne le peuvent pas... Pensez-y".
Elisabeth Badinter Le Nouvel Observateur
Et encore bravo à ce qu'elle a dit hier je ne me souviens plus où (retransmis sur France 2 au JT de 20h): Tout le monde est libre d'habiller son corps comme il veut. Mais le visage n'est pas le corps, et doit être montré.
Illustration de Alessandro Banas
Commentaires