Didier Dumas s'en est allé le 21 février. Il avait 66 ans. (La photo ci-contre remonte à ses jeunes années mais je n'ai trouvé aucun portrait récent qui lui rende justice). J’ai reçu cette sidérante nouvelle aujourd’hui et n’arrive pas encore à y croire vraiment.
J’étais aller le voir l’été dernier dans le Var, dans la grande maison de sa sœur Amélie chez qui il passait des vacances studieuses, comme à son habitude. Nous travaillions alors à un projet de livre qu’il comptait écrire et pour lequel j’aurais dû officier comme «négresse». Je n’avais jamais fait ce genre de travail -et ne le ferai probablement plus jamais- mais j’avais accepté avec enthousiasme parce qu’il s’agissait de Didier Dumas, auteur de livres tout à fait remarquables sur le rôle crucial du père dans la construction de l’enfant, sur la sexualité, sur les transmissions générationnelles. Je savais qu’avec lui j’aurais appris un tas de choses et n’avais pas hésité.
Nous nous étions connus il y a environ quatre ans, quand j’étais aller l’interviewer pour mon livre d’introduction à la psychogénéalogie. Psychanalyste d’enfants, ami de Françoise Dolto, Didier Dumas était le pionnier de la psychanalyse transgénérationnelle. Mais il était beaucoup plus que cela; à travers sa profonde connaissance du taoïsme et du néochamanisme urbain et sa pratique de la psychophanie, Didier Dumas était avant tout un chercheur et un découvreur. Loin des cloisonnements et des étiquettes qui caractérisent tant de ses confrères, son approche du psychisme humain, ou mieux de l’âme humaine, était unique en son genre. Il animait avec passion et générosité son association Le Jardin d’idées, à la fois laboratoire de recherche et pépinière de talents où s’alternent causeries, conférences et séminaires.
En août dernier, Didier paraissait en pleine forme. Bronzé, tout de blanc vêtu, il mangeait avec appétit, nageait avec énergie… Je me souviens qu’il m’avait dit avec satisfaction qu’il avait une santé «du tonnerre de Dieu». Il y a deux semaines nous avons eu une longue conversation téléphonique. Didier sortait de l’hôpital, se savait malade mais n’avait pas la moindre intention de s’en aller. D’une voix très ferme et même catégorique, il disait qu’il avait trop de choses à faire, trop de gens à aider, qu’il n’était pas question pour lui de les quitter. Il avait toutefois ajouté que Le jardin d’idées pouvait très bien continuer sans lui, qu’il avait formé des thérapeutes qui étaient maintenant «meilleurs que lui» et qu’il en était fier. Mais il était déterminé à rester parmi nous et comptait reprendre les séances avec ses clients, les réunions avec moi, les causeries… et s'apprêtait à recevoir l'architecte car il avait décidé de faire d'importants travaux dans sa maison.
Les Anges en ont décidé autrement et l’ont rappelé à eux. Mais Didier Dumas ne nous a pas quittés. Il est simplement passé dans une autre dimension. Grâce à ses livres et au Jardin d’idées, il sera toujours parmi nous.
Bonne route, Didier !
N.B. Lire aussi l'hommage de Florence Gérard:
http://www.florencegerard.net/article-hommage-a-didier-dumas-45548689.html
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