Line Renaud, 81 ans, présidait la manifestation. Laurent Terzieff, 75 ans, voûté, ridé au delà de l’imaginable, a reçu de ses mains le Molière du meilleur comédien. Si le public s'est levé comme un seul homme pour applaudir mécaniquement la jubilante présidente et l'heureux lauréat, tous avaient les tronches sinistres de ceux qui ne voudraient pas être là et ne croient à rien de ce qu’ils voient, ni de ce qu’ils font. Un public trié sur le volet, composé en grande partie de vieillards qui n’ont plus rien à dire, ou de personnages plus jeunes mais en grande difficulté: un ministre de la culture qui n’ose plus lever le petit doigt, tétanisé à l’idée de nouvelles vindictes présidentielles, un président de France Télévision qui sait ses jours -peut-être ses heures- comptés et se donnait un mal fou pour produire quelque chose qui ressemble à un sourire… Le tout parsemé de jolies jeunes femmes, toutes semblables entre elles: cheveux et peaux lisses, décolletés vertigineux, regards vides et sourires figés…
L’ensemble donnait un pénible cocktail fait des radotages et des flagorneries réciproques d'une clique de has been, au milieu d'un paysage culturel et audiovisuel tragiquement désertifié. Mais où est donc passée notre fameuse "exception culturelle"? Si exception culturelle il y a, c'est du côté de la sénilité qu'il faut aujourd'hui la chercher.
On n’ose imaginer la terrifiante satire qu’aurait pu en tirer Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, le seul vrai personnage de la soirée, le seul dont nous puissions à juste titre nous glorifier.
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