vive la lenteur

L’INTELLIGENCE : UNE VRAIE TARE POUR LES «VRAIES» FEMMES

Petite pensée post-8 mars, "Journée de la Femme" 

Les femmes qui pensent font peur aux hommes. Triste constat, même si cette plaie ne date pas d’hier, mais plutôt depuis que le monde est monde. J’avoue cependant que, tombant hier sur une phrase de notre grand, de notre immense Baudelaire  je me suis, une fois de plus, inquiétée pour l’avenir du monde en général et de notre espèce en particulier. Voici la phrase :

« Aimer les femmes intelligentes est un plaisir de pédéraste »*

Ce cri du cœur -à la fois misogyne et homophobe mais oh combien sincère!- m’a fait repenser à mon vénéré Brassens, qui aujourd’hui fête (si j’ose dire) le trentième anniversaire de sa mort. Cet homme qui représente pour moi une forme d’idéal masculin n’était pas, je l'avoue, à proprement parler un féministe. Le félon n’écrivait-il pas  (entre autres) dans son adorable chanson « Une jolie fleur dans une peau de vache» :

« Elle n’avait pas de tête, elle n’avait pas
L’esprit beaucoup plus grand qu’un dé à coudre
Mais pour l’amour on ne demande pas
Aux filles d’avoir inventé la poudre »

La messe est dite et bien dite, et point n’est besoin d’ajouter de commentaire. Si ce n’est que la peur des femmes intelligentes ne concerne pas seulement les machos imbéciles et un tantinet psychopathes, comme certaines grandes naïves pourraient s’obstiner à le penser, mais également des spécimens masculins très intelligents et on ne peut plus humains !

Une seule conclusion possible : pour une femme, le choix est cruel. Il s'agit de développer à qui mieux mieux son cerveau et être prête à renoncer aux hommes -y compris les intelligents- ou entretenir une saine ignorance, voire une rassurante sottise, et plaire au sexe fort, avec tous les avantages afférents …

Un discours de has been, direz-vous? Que nenni. Loin de perdre du terrain, cette plaie continue à sévir, et de plus belle. La régression des femmes et des hommes en ce qui concerne les relations entre les deux sexes fait tout bonnement peur à voir. Et on croit rêver en entendant des trentenaires pluridiplômées s'exprimer avec des voix de petites filles un peu demeurées appliquées à réciter leur compliment... le but étant, probablement, de souligner leur « féminité » en montrant aux mâles à quel point elles restent inoffensives.

Quel monde étrange que le nôtre, où les sacro-saintes revendications féminines en termes de représentation dans les conseils d'administration, en politique et dans tous les autres domaines, cohabitent avec cette vieille obsession chevillée au corps, cette  peur de faire peur aux hommes en affichant un  peu trop ses compétences et ses talents!
 
Courage, mesdames: nos grands-mères ne disaient-elles pas qu’il faut "faire l’âne pour avoir du son " ?

 

*Charles Baudelaire « Fusées » dans Oeuvres complètes

Les Françaises n'arrêtent pas d'avancer (leurs hommes aussi)...

Les pubs sexistes ne datent pas d’hier, mais avec celle-ci un seuil me semble avoir été franchi.

Comment faire quand on est un petit rusé et que l’on veut vendre de la lingerie féminine? On saute sur une occasion en or: une série télé intitulée "Maison close". On crée une petite collection vite fait bien fait, avec un site web où la dite collection est photographiée dans un décor de bordel tel que les affectionnaient nos grands-pères, et le tour est joué.  Si avez encore des doutes sur les intentions du fabricant, allez voir son site.

C’est y pas beau tout ça ? En l’an de grâce 2010, pour redonner aux relations entre les sexes un mystère et un piquant effectivement mis à mal avec les avancées de la gent féminine, quoi de mieux que d’associer l’érotisme au sexe tariffé, et le désir à la bonne vieille relation client-prostituée, si excitante et en même temps si sécurisante ? Combien de femmes, recevant de leur cher et tendre un joli paquet du doux nom de « Maison close », auront le réflexe de le lui jeter à la figure ? Combien accepteront, touchées par la gentille intention ? Et combien, pour finir, remercieront sans même se rendre compte des sous-entendus du cadeau ?

On peut craindre que ce dernier cas de figure ne soit de loin le plus fréquent. L’indifférence, la distraction et la superficialité qui caractérisent notre époque font le lit (c’est le cas de le dire) de tous les abus, dans tous les domaines.

Et penser qu’il y a seulement quelques mois, les seins à l’air d’une pub de coiffeur m’avaient parus déplacés…

 

Électricité: ne vous faites pas piéger par "Direct Énergie"

On sonne à ma porte, hier vers sept heures du soir, alors que je suis -comme d'hab- immergée dans mon travail. Je regarde dans l’œilleton -on n’est jamais trop prudent- vois une jeune fille et un jeune homme avec un badge sur leurs vestes. Souriants et d’aspect très agréable, ils disent être des «agents de l’électricité». Pensant que c’est l’EDF qui vient (finalement!) relever mon compteur, j’ouvre la porte. Mais ce n’est pas pour le compteur, c’est pour m’annoncer que je vais bénéficier d’une remise de 10% sur mes factures d’électricité et également de gaz. Un peu étonnée (je n’étais pas au courant d’une re-fusion EDF-GDF), je remercie et m’apprête à leur dire au revoir, quand la jeune fille demande à voir deux de mes factures -une de gaz et une d’électricité- pour vérifier si j’ai bien droit à la réduction annoncée. Bingo, j’y ai droit. Je m’apprête à nouveau à remercier et dire au revoir mais non, la jeune fille demande «un petit bout de table, un tout petit bout de table» car elle a quelques papiers à remplir.

Cela commence à bien faire et je m’impatiente un petit peu, mais ces deux jeunes sont si charmants et se montrent si ravis de faire ma connaissance que j’en prends mon parti. Quand les papiers sont remplis, la jeune fille (toujours elle) me dit en passant que mes factures ne seront plus EDF mais ERDF. Convaincue (quelle imbécille!) qu’il s’agit d’une réorganisation du groupe, je n’y vois que du feu. Elle ajoute qu’elle a besoin de garder deux de mes factures, qui me seront ensuite réexpédiées par la poste. J’acquiesce et signe car je commence à en avoir assez. Ils ont beau être très sympathiques, ils me font perdre du temps et toutes ces formalités pour un simple réduction de tarif EDF et Gaz de France me semblent vraiment exagérées.

Mon Ange gardien devait être dans les parages hier soir, car j’ai pu découvrir l’entourloupe avant qu’il ne soit trop tard.

En fait les deux charmants jeunes gens travaillent pour le groupe Direct Énergie, concurrent direct d’EDF et GdF. La stratégie commerciale du groupe consiste à jouer sur l’équivoque et faire en sorte que l’usager débile, pris au dépourvu, continue à croire tout au long de l’entretien qu’il a à faire avec EDF. Les papiers qu’ils font signer sont en fait un contrat, qui leur permet de résilier automatiquement le contrat EDF (et GdF) de l’usager (débile).

Les commerciaux de Direct Énergie suivent certainement une formation très stricte, où toutes les phrases qu'ils prononcent leur sont imposées. Du début à la fin, leur discours est calibré de façon à tout dire sans rien faire comprendre. Pour le mettre au point, Direct Énergie a dû faire appel à un psychologue, et aussi à un juriste chevronné. Même les petites phrases apparemment spontanées et «conviviales» sont apprises par cœur par les jeunes commerciaux: j’ai découvert sur internet, où abondent les plaintes vis-à-vis de ce groupe, que «le petit bout de table, le tout petit bout de table» que la jeune fille me demandait pour remplir le contrat qu’elle voulait m’extorquer, est répété à l’identique par tous ses collègues, dans toute la France… Je plains de tout mon cœur ces jeunes auxquels on enseigne à devenir des singes -ou des robots- tricheurs, dès le début de leur vie professionnelle: leur avenir apparaît bien sombre.

Conclusion: depuis que le marché de l’énergie a été ouvert à la libre concurrence, de nouveaux fournisseurs sont apparus et offrent des tarifs alléchants, ce qui tout à fait normal et fait partie des règles du jeu. Ce qui l’est beaucoup moins, ce sont les méthodes employées pour arracher des contrats à des usagers sciemment trompés. Réduction ou non, il ne pourrait être question de s’adresser à un fournisseur qui, dès le début, essaie de gruger ses futurs clients. Comment une entreprise digne de ce nom peut-elle espérer s’insérer sur le marché de façon durable avec de telles méthodes? Il y a là une inquiétante atmosphère de "après moi le déluge", comme si désormais il ne s’agissait que de racler tout ce qui peut être raclé, avant l’écroulement final…

Mais si tout doit effectivement finir, à quoi leur serviront leur gains, à quoi leur servira leur malhonnêteté ?

CQFD

Le saviez-vous que selon BEH, 11,7% des habitants d’IDF ont déjà souffert de EDM ?

Cette nouvelle décoiffante est publiée dans Le Monde.fr. d’aujourd’hui. Qui daigne tout de même donner, entre parenthèses, l’explication de deux des acronymes. Voici donc la traduction : 11% des habitants d’Île-De-France ont déjà souffert d'Épisodes Dépressifs Majeurs, selon les résultats de plusieurs études réunies par le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire.

Notre doux pays ne se contente pas d’être champion mondial de calembours, jeux de mots et autres contrepeteries. Chez nous, on aime beaucoup, passionnément, les acronymes. Au point de risquer d’y perdre son latin.

Tics de langage et vilaines fautes de grammaire

Les Français -vous, moi, tout le monde- sont les champions toutes catégories des petites expressions parfaitement inutiles et répétées à tout bout de champ, le plus souvent involontairement. Tout comme l’argot, elles varient selon les époques; mais contrairement à ce dernier, elles n’ont aucun charme ni la moindre pertinence. Après les «tout à fait» et les «absolument» qui pendant des années ont ponctué pratiquement toutes nos réponses ou nos affirmations, nous vivons maintenant l’ère des:

«C’EST VRAI QUE…»
À quoi sert ce début de phrase? À rien, sinon à communiquer que, peut-être, on n’est pas tout à fait sûr que ce qu’on l’on dit soit bien vrai.

«EN FAIT…»
Autre tic, d’autant plus agaçant que chez certaines personnes il devient presque systématique, dès qu'elles doivent communiquer quoi que ce soit. Pendant une soirée ennuyeuse, on peut s’amuser à les comptabiliser (ça fait passer le temps).

Expressions à bannir

"LE HASARD N'EXISTE PAS"

Cette expression est devenue insupportable à force d’être utilisée. Si, «par hasard» vous avez le malheur de prononcer le mot hasard, huit fois sur dix il se trouvera une bonne âme pour vous déclarer d’un ton docte que «le hasard n’existe pas».
Bien sûr que le hasard existe! Il s’agit d’ailleurs d’une notion indispensable qui nous sert à désigner ce que nous ne sommes pas capables d’expliquer. Si nous ne disposions pas de ce précieux vocable, à chaque événement inattendu nous devrions dire: «Pour des raisons que j’ignore et des chaînes de cause à effet qui m’échappent, il m’est arrivé ceci ou cela». Il est tout de même plus simple de dire «J'ai rencontré Untel par hasard»...

Hasard: Cause imprévisible et souvent personnifiée, attribuée à des événements fortuits et souvent inexplicables (Petit Larousse).
Ce mot d’origine arabe viendrait, selon le Petit Larousse, de al-zahr (jeu de dés). Il aurait été utilisé pour la première fois par l’historien des Croisades Guillaume de Tyr qui raconte que les Croisés, s’étant emparés du château de Hazard (Az-zard), près d’Alep en Syrie, y inventèrent un nouveau jeu de dés. Al-zahr ou Az-zard, le fait est que l'idée même de hasard semble être née des dés, et Albert Eistein le savait bien: pour réfuter les théories de la physique quantique qui dérivaient de ses propres découvertes, n'a-t-il pas déclaré "Dieu ne joue pas aux dés"?

Si les lois régissant la trajectoire d’un dé sont parfaitement connues, nul ne peut prédire la face sur laquelle il va finir par se poser. Le résultat d’un jet de dés -ainsi que des quantités d’autres événements- est totalement "aléatoire", c’est-à-dire -pour les troglodytes qui comme moi s’entêtent à vouloir utiliser ce vocable- dû au hasard. Il est intéressant de noter que le mot alea veut dire… coup de dé.

Expressions à bannir

«ON NE SE REFAIT PAS»

Il ne manquerait plus que ça! De la même série que «On ne peut pas être et avoir été», cette expression est tout aussi défaitiste, et tout aussi stupide. Bien sûr qu’on se refait, à chaque instant. Tout comme les cellules de notre corps se renouvellent constamment, il faut espérer que notre esprit, notre psychisme en font de même. En cas contraire, vieillir serait quelque chose de bien triste: il suffit de s’imaginer identique à ce qu’on était à 20 ans, la décrépitude en sus...

Quand Montaigne nous dit que «le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse », il se réfère -sciemment ou non- en ses termes de lettré occidental du XVI° siècle, à la loi du changement qui est à la base de la pensée chinoise, ou à l’impermanence, comme l’appelle le bouddhisme. Et il continue : «Je ne peins pas l’être, je peins le passage: non pas un passage d’âge en autre ou, comme dit le peuple, de sept ans en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute»*.

Déclarer qu’on ne se refait pas est un bien triste constat de stagnation psychique: celui de s’être laissé vivre en répétant inlassablement les mêmes erreurs, en retombant toujours dans les mêmes pièges, sans jamais avoir pris conscience que le but d’une vie, c’est de devenir soi-même, c’est à dire «se refaire» sans arrêt, dans le but de se libérer de tous les conditionnements subis dans le passé ou hérités des générations précédentes. Et dans l’espoir, au final, d’être substantiellement différent de ce que l’on était au départ: sinon, à quoi bon vivre? Et je concluerai avec une phrase de Dominique Rolin: «Chaque moment de notre vie est un roman, on se réinvente sans cesse»

*Essais-Livre III, chap.2

Proverbes à oublier

«ON NE PEUT PAS ÊTRE ET AVOIR ÉTÉ»

Qui n’a jamais entendu cette pseudo-vérité, assénée sur un ton d’évidence mâtinée de compassion par quelqu’un qui, se vivant «sur le retour», ne peut imaginer qu’il en aille différemment pour d’autres? Eh bien si: non seulement ON PEUT ÊTRE ET AVOIR ÉTÉ, mais il ne peut en aller autrement, du moins pour ceux pour qui le mot vie est synonyme d’évolution, de perfectionnement de soi, de cheminement spirituel. Ce qu’ils ont été autrefois, ils ne le renient pas mais ne le regrettent pas non plus, car ce qu’ils sont aujourd’hui est par définition plus riche et intéressant que ce qu’ils étaient hier: en fait c’est chaque jour qu’ils se renouvellent. Bien sûr ils ont dû, chemin faisant, renoncer à certaines choses et devront renoncer à bien d’autres encore, mais ce qu’ils ont acquis les compensent largement de leurs pertes. Ceux-là ne connaissent ni la nostalgie du passé ni la crainte de l’avenir car ils vivent pleinement dans le présent. Et jusqu’à la fin, il continueront passionnément à «être». Sans oublier d'où ils viennent, ni ce qu’ils «ont été».

Proverbes à oublier

«ON NE PARLE PAS DE CORDE DANS LA MAISON D'UN PENDU»



Nous ne sommes pas obligés de savoir que dans la maison en question, quelqu’un s’est pendu. Et à ce compte-là, il ne faudrait jamais prononcer le mot girafe devant une dame qui mesure 1m.80, ni parler de jockeys à un monsieur qui ne dépasse pas les 1m.60. Ne jamais faire la moindre allusion à l’enfance devant une femme qui n’a pas réussi à devenir mère, au monde du travail devant un chômeur, à un quelconque succès devant un complexé. Ne jamais exprimer sa satisfaction devant un frustré chronique, ni son bon coup de fourchette devant une obsédée des régimes. Bref, on ne pourrait parler pratiquement de rien. Les "pendus" peuvent aller se rhabiller. Être adulte, c’est savoir assumer ses problèmes actuels et ses traumatismes passés sans en charger les autres, qui ont déjà les leurs à gérer.

Mauvaises habitudes

Je découvre sur le joli blog du Musée de l'Homme que cette prestigieuse institution «ouvre ses portes pour écrire une nouvelle page de son histoire. Prélude incontournable à toute nouvelle histoire, le temps de l'inventaire... Une commande : la "Benne aux idées reçues" (photo à gauche), installation contemporaine du collectif d'artistes TRAXCE, une métaphore pour dire la nécessité de faire le tri, d'abandonner pour mieux renaître. Déjà dans la benne : races humaines, chaînon manquant, sexe faible, bon sauvage, culture authentique, nature vierge...»

J’ai donc décidé de créer moi aussi un endroit symbolique (photo à droite) où expédier tout ce qui est superflu, inutile, ennuyeux ou carrément nuisible. Cette nouvelle rubrique s’intitulera logiquement «À la poubelle !». Mes détritus iront rejoindre ceux de la benne du collectif TRAXCE.

CE QUE JE JETTE AUJOURD'HUI:
-L'égocentrisme qui emprisonne et empêche toute communication.
-La tendance très répandue à se comparer au voisin.
-Les émotions qui bloquent les perceptions.
-Le manque de confiance en soi.

Bonne soirée et à la prochaine poubelle!