"Vive la lenteur" oblige: je n’ai eu la nouvelle qu’avant-hier grâce à un article du quotidien La Repubblica envoyé par un ami italien. Le 27 avril, la semaine du Downshifting s’est conclue au Royaume Uni. Downshift signifie littéralement débrayer, passer de la quatrième à la troisième, ou de la troisième à la seconde.
Débrayer pour changer de rythme et entrer dans le courant du Slow movement, une association internationale née de la côte du Slowfood italien, qui nous propose de redécouvrir la lenteur, dans tous les domaines de notre vie. L’accélération généralisée est un des principaux pièges dans lesquels nous risquons de tomber, sans même nous en apercevoir. Tout va toujours plus vite et l’emblème de cette accélération est bien sûr l’internet, qui est en train de révolutionner le monde des médias et la vie de beaucoup d’entre nous. Le problème est que nous sommes trop fascinés par les possibilités qu’il nous offre pour prendre la mesure des dangers que nous encourons: l’accélération est une drogue dure, qui porte à l’addiction.
La première exhortation du Slow movement : retrouver la capacité de vivre avec attention, ce qui est beaucoup plus difficile que dans le passé car tout concourt à nous distraire, à nous éparpiller. Quant au mot «lenteur», il est en passe de devenir sinon tabou, du moins ringard. Il suffit de le taper dans Google pour voir que l’éloge de la lenteur n’est pas de mise: à longueur de pages, les gens s’affligent de la lenteur... de leurs machines !
Aujourd’hui tout est «fast»: la façon de s’alimenter (fast food), les trains (Très Grande Vitesse), les conversations, les vacances, les lectures, les régimes amaigrissants, les familles qui se composent et se recomposent... nous avons tout simplement oublié le sens de verbes comme flâner, savourer... et parfois endurer. «On nous a induit à penser que non seulement nous avons besoin de vitesse, mais que nous devons aller vite pour avoir droit à ce que la vie accélérée nous offre. Mais si nous continuons à ne pas écouter notre corps et la petite voix dans notre tête qui nous exhorte à ralentir, nous nous exposons à une myriade de pathologies qui ne seront que le résultat de l’accélération et du stress auxquels nous nous serons soumis"*.
Le slow movement donne des indications sur la manière de ralentir dans les différents secteurs de notre vie. L’éducation entre autres (slow education). L’idée est de sortir de la dictature du résultat qui aujourd’hui obsède les parents, et donner la priorité au processus d’apprentissage, à la compréhension et à l’intégration des notions acquises. De prendre le temps d’observer nos enfants de façon à comprendre leurs spécificités et en déduire quels sont leurs besoins propres. Et j’ajouterai, de mettre en pratique la phrase de Confucius : «Les enfants sont comme des plantes : ils nécessitent chacun une culture particulière».
*Extrait du site du Slow movement
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Terra economica a publié un article sur le sujet dans le n°46, 19 juillet au 5 septembre 2007.
http://www.terra-economica.info/
On en parle très peu chez nous. (En 2005, Carl Honoré avait publié "Eloge de la lenteur").
Pourtant, il est grand temps de ralentir...
Rédigé par : une slow girl convaincue | jeudi 19 juil 2007 à 17h29