Certains d’entre nous les attirent et en rencontrent à tout moment. D’autres sont moins familiers avec cette catégorie humaine en constante expansion : les personnalités narcissiques. Ce qui n’empêche que chacun de nous a, a eu, ou aura à faire un jour ou l’autre à un psychopathe ou pervers narcissique, que ce soit au travail, dans son cercle d’amis ou à l’intérieur de sa famille. Peut-on (sur)vivre avec de tels individus? La réponse est oui, on le peut. À condition d’avoir bien compris qui l'on a devant soi et d’apprendre à se protéger.
Le plus gros piège, celui où tombent pratiquement tous, c’est d’espérer : espérer que cette personne qui nous a tant frustrés, tant humiliés, tant fait souffrir, finira un jour par changer, par devenir un peu plus humaine… Et c’est ainsi que l’on voit des gens sensibles et intelligents gaspiller leur vie à attendre, à guetter un signe de changement : « Ah, il a aimé ce beau film (ou ce beau livre)… Alors il a forcément dû se rendre compte qu’il se trompe ». Ou bien: « Maintenant qu’il est vieux et malade, il va bien finir par reconnaître ses erreurs, il va me le dire et bien sûr je lui pardonnerai »… etc... etc.
Erreur gravissime que de s’attendre à ce que ces gens-là puissent un jour devenir humains et se mettre à ressentir les choses comme nous les ressentons: ils ne le peuvent pas. Les psychopathes -et avec eux toutes les personnalités narcissiques- ne doivent pas être considérés comme des humains à part entière , car il leur manque ce qui fait la spécificité de l’homme sur l’animal : la reconnaissance de l’autre en tant qu’autre, et la notion de bien et de mal. N’étant jamais sorti du stade affectif du nourrisson , celui de la symbiose et de l’identification avec le sein nourricier , l'individu narcissique est psychiquement incomplet: il n’a jamais appris à faire l’expérience de l’autre en tant qu’individu autonome dont les besoins et les intérêts peuvent être différents, voire entrer en conflits avec les siens. Il n’en a pas la moindre idée. Pour lui, le monde entier est un sein nourricier, ou alors un ennemi, un rival à abattre. Le monde commence et finit avec lui-même, tout le reste n’a pas d’existence propre et n’a d’intérêt pour lui que dans la mesure où il peut espérer en tirer un profit quelconque.Les pervers narcissiques sont des mutilés psychiques qui n’ont pas conscience de leur mutilation. À rien ne sert d’essayer de les convaincre, de leur expliquer que leur égoïsme, leur indifférence aux autres, leur habitude à instrumentaliser et manipuler tous ceux qui passent à leur portée, tout cela les rend insupportables et ne peut qu’éloigner les autres. Ils vous diront que vous vous trompez, vous regarderont d’un air goguenard -ou séducteur, selon leur tempérament- mais ne comprendront pas.
Le seul moyen de vivre à leurs côtés sans trop souffrir ni se faire vampiriser : ne jamais se laisser piéger par leurs manœuvres de séduction; se convaincre une fois pour toutes que leurs lacunes sont des défauts de fabrication intrinsèques, qu'elles les accompagneront jusque dans la tombe et que ni l’âge, ni l’expérience, ni les épreuves de la vie ne les changeront jamais. À partir de là on peut apprendre à se protéger, à « les voir venir » dès qu’ils tentent de vous manipuler, sachant qu’il faudra chercher ailleurs l’amour, l’affection, l'empathie qu’ils sont incapables de donner…
On pourra alors commencer à apprécier leurs qualités (car ils en ont, et parfois de remarquables !), et profiter de leur compagnie tout en préservant sa propre intégrité.