Cette histoire remonte à la haute antiquité chinoise. Chargé par le souverain de protéger le pays des crues meurtrières du Fleuve Jaune, le ministre Kun fit construire toutes sortes de digues et de barrages. Ceux-ci remplirent leur office pendant un certain temps mais finirent par rompre, provoquant une inondation effrayante, bien pire que toutes celles que le royaume eut jamais connues auparavant. Devant cette catastrophe, le souverain convoqua Yu, le fils de Kun, auquel il attribua la charge de son père en lui ordonnant de résoudre le problème.
Au lieu de s’entêter à forcer les eaux par des moyens artificiels, Yu fit exactement le contraire: il fit creuser des canaux pour évacuer le trop-plein dans les périodes de crues. Résultat: le royaume ne connut plus jamais d’inondation.
Cet écologiste avant la lettre avait compris que le meilleur moyen dont dispose l’homme pour s’entendre avec la nature, c’est ce que les taoïstes appellent wu wei ou «non-agir». Il ne s’agit pas de ne rien faire, mais de «faire à propos» : en l’occurrence, faire en sorte que les eaux s’écoulent latéralement, au lieu de vouloir en contenir la puissance par des constructions.
Les Chinois d’aujourd’hui n’ont pas suivi son exemple : sur leur autre grand fleuve, le Yangzi Jiang, ils sont en train de construire le plus grand barrage du monde .
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