Tout événement, du plus insignifiant au plus spectaculaire, est la conséquence d’événements précédents et la cause d’événements futurs. C’est ce que l’hindouisme et le bouddhisme appellent la loi du karma ou loi de cause à effet, que l’on peut imaginer comme une succession verticale d’événements passés, présents et à venir, alors que le présent est horizontal (fig.1). Lorsque deux événements qui n’ont aucun lien de cause à effet entre eux se produisent au même moment et dans le même endroit (fig.2), et que cette «rencontre» a du sens pour la personne qui en est témoin, on parle de coïncidence significative ou synchronicité.
Un exemple qui remonte à l’hiver dernier, au lever du jour. Je suis dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner lorsque mon fils Alessandro, qui vit à Milan, me vient soudainement à l'esprit. Je revis l’émotion éprouvée deux jours auparavant alors qu’il me parlait au téléphone d’un changement important dans sa vie. Une vague d’amour maternel m’envahit. Sans savoir pourquoi, j’ouvre la porte-fenêtre de la cuisine et sors sur la terrasse. Dans le ciel, un immense A est éclairé par les premiers rayons du soleil. A comme Alessandro, A comme amour…
Dix minutes plus tard le A avait disparu.
Le passage quasi simultané de trois avions et les traces qu’ils ont laissées juste avant que je ne sorte sont les résultats de trois chaînes de causes à effets distinctes entre elles et tout à fait distinctes de ma personne, de mon fils et des sentiments qu’il m’inspire. Pourquoi ces trois chaînes se sont-elles croisées pour former un A, expressément pour moi vu que c’est moi et personne d’autre qui pensais avec Amour à Alessandro? Là réside tout le mystère de la synchronicité, qui se vérifie souvent lorsque les individus sont dans un état émotionnel particulier.
Dans un petit livre tout simplement intitulé «Synchronicité», Carl-Gustav Jung a essayé d’élaborer une théorie «scientifique» sur le sujet, mais ses conclusions laissent le lecteur sur sa faim. Les passages les plus intéressants sont les descriptions d’événements synchrones dont il a lui-même fait l’expérience ou qu’on lui a racontés.
J’ajouterai pour conclure que les-dits événement synchrones n’étonnent que nous autres Occidentaux, habitués à penser selon le mode «vertical», c’est-à-dire scientifique (chaque cause produit un effet, chaque effet porte à en rechercher la cause). Les Chinois se fichent du tiers comme du quart de l’origine des choses et des causes des événements, seule compte à leurs yeux la dimension «horizontale»: l’observation des phénomènes qui se produisent en même temps et dans le même lieu. Cette forme de pensée si différente de la nôtre explique qu’il n’y ait jamais eu de science chinoise dans le sens que nous donnons à ce terme. Elle est par contre à la base de la poésie chinoise et du Yi King, le livre qui depuis plus de 2.000 ans aide les humains à y voir plus clair dans leurs problèmes. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
Quelle belle image pour illustrer la synchronicité,la fulgurance de l'instant.
De plus, trois avions supersoniques qui passent en même temps dans le ciel d'un site qui s'appelle : " vive la lenteur" !
Il y a vraiment de quoi être troublé...
Bravo Nathalie !
Rédigé par : Cosquer | jeudi 21 juin 2007 à 09h54