«Les hommes sont comme les melons. Plus ils sont mûrs, meilleurs ils sont»
Je ne me prononce pas sur la vérédicité du proverbe ci-dessus; il était inscrit dans un cendrier en céramique, dans les toilettes de la maison de mes grands-parents, lorsque nous étions enfants. Un autre, plus connu, soutient que "les hommes sont comme les melons. Sur dix, il y en a un de bon" (celui-là n'est pas faux). Alphonse Allais, lui, disait que le melon a vocation à être mangé en famille, étant en quelque sorte «pré-tranché». C’est en tout cas un fruit délicieux dont la saison ne dure pas très longtemps et qu’il convient de bien connaître pour mieux le savourer.
Son vrai nom n’est pas melon (cucumis melo en latin) mais cantaloup, qui vient de Cantalupo, le petit village proche de Rome où dès le XVI° siècle, il était cultivé pour le strict usage des papes. C’est pour cette raison que les Américains appellent cantaloupes les melons ronds à la chair orange. Le melon dit de Cavaillon, que beaucoup considèrent comme le meilleur en absolu, s’appelle en réalité cantaloup de Prescott. Il est également cultivé dans la Crau et dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Le mérite de l’avoir importé en France reviendrait à Rabelais. Conquis par sa délicieuse saveur lors d’une ambassade au Vatican, il en aurait rapporté des graines avec lui. Jusqu’au XVIII° siècle, le melon restera un fruit rare, un produit de luxe réservé à l’aristocratie. Sa culture va se développer en France après 187O grâce à deux événements majeurs: la reconversion d’une grande partie des terres jusque là destinées à la garance, et l’arrivée du célèbre PLM (le train Paris-Lyon-Méditerranée, ancêtre de notre TGV) qui permettait des expéditions relativement rapides du sud jusqu’à la capitale.
BIEN CHOISIR SON MELON: UN ART À NE PAS SOUS-ESTIMER
-Contrôlez le nombre de tranches: les experts affirment qu’un bon melon doit avoir dix tranches. Ceux qui en comptent neuf ou dix auraient souvent un goût fade.
-Observez le pécou, la petite queue du melon. Elle doit être épaisse, verte et brillante à son extrémité. Si le pécou est entouré d’une crevasse, le melon est au bon degré de maturité et doit être dégusté le jour même.
-Prenez le melon dans la main : il doit être lourd et très ferme.
-Les melons continuent à mûrir à température ambiante: choisissez-le fonction du jour de consommation. S’il est déjà mûr et que vous voulez le conserver, mettez-le dans un bac du réfrigérateur, après l’avoir enveloppé dans un sac en plastique pour en neutraliser l’odeur.
-Pour sentir le melon, il faut approcher le nez du pécou, qui a toujours été exposé à la lumière durant la croissance: c’est là qu’elle est la plus intense. Si vous le humez du mauvais côté, celui du mamelon, il risque d’avoir une odeur de terre humide, vu qu’il est toujours resté dans l’ombre, au contact avec le sol.
Bon appétit!
N.B Je remercie Jean-Jacques Prévôt, restaurateur à Cavaillon, grand amoureux du melon et auteur de «Le melon-petite anthologie de gastronomie provençale» (éd. Equinoxe 1999) pour les précieuses informations.
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