Dimanche, dans la rade de Villefranche, la mer s’est mise à bouger -à l’improviste, comme cela arrive souvent- et je me suis mise à photographier les vagues. En regardant plus tard les photos sur mon écran d’ordinateur, j’ai pensé à Hokusai, auteur de la célébrissime «Grande vague». Le grand, l’immense peintre japonais du XIX° siècle -précurseur, sinon inventeur, de la ligne claire et certainement inspirateur de Hergé- avait bien observé les vagues, cette façon qu’elles ont de se déchiqueter, de se denteler avant de se pulvériser en milliers d'infimes gouttelettes. Mais Hokusai ne disposait pas d’appareil photo, et encore moins d’écran d’ordinateur. On peut se demander comment, à l’œil nu, il avait pu visualiser ce déchiquetage. Peut-être regardait-il les vagues avec des jumelles (qui, elles, existaient depuis belle lurette)…
Lui-est-il jamais arrivé de penser que chaque homme peut être comparé à une goutte minuscule d'un seul océan? C’est probable, car cette métaphore est amplement utilisée par le bouddhisme (et l’hindouisme avant lui) et Hokusai était, dit-on, adepte du bouddhisme Nichiren. Chaque petite goutte sort un instant de la masse informe et illimitée de l’océan, vit sa très courte vie de goutte, puis retourne d’où elle est venue. Chaque petite goutte a sa propre forme, sa propre trajectoire, distincte de toutes les autres. L’immense majorité d’entre elles apparaît et disparaît sans que personne n’en ait pris concience. Sauf lorqu'un artiste -ou une photographe du dimanche perchée sur son rocher- décident de les immortaliser.
Hokusai, je ne connaissais pas! Le rapprochement de ces deux images montre bien le réalisme du graphisme. C’est saisissent de vérité !
Rédigé par : Maud-Isabelle Luciano | vendredi 06 juil 2007 à 08h11