Elle s’appelle Marjane Satrapi, ce qui est déjà tout un programme vu qu’elle est iranienne*. Elle est l’auteur de Persépolis, une BD autobiographique en quatre tomes que le quotidien Libération avait eu le grand mérite de faire découvrir aux Français, sous forme de feuilleton quotidien, avant même que Marjane n’ait trouvé un éditeur. Persépolis a ensuite été traduit en vingt langues et vendu à un million et demi d’exemplaires.
C’est aujourd’hui un film, réalisé par Marjane Satrapi avec Vincent Paronnaud. Il a reçu le Prix du jury au dernier festival de Cannes. C’est un vrai bonheur de constater qu’il est encore possible de devenir célèbre (et riche) grâce au seul pouvoir de l’intelligence, de la sensibilité, du talent… et de la souffrance. Car s’il s’agit d’un dessin animé, ne vous attendez pas à de la guimauve. Persépolis est une œuvre à la fois drôle et dramatique, où l’on rit et où l’on pleure, une œuvre qui se nourrit des vicissitudes endurées par son auteure, déracinée toute jeune de son Iran natal où la vie était devenue impossible (à plus forte raison pour les femmes), et confrontée à une Europe qui –c’est le moins qu’on puisse dire- ne lui a pas fait de cadeau.
Superbement dessiné dans un style très personnel, à la fois moderne et classique -et probablement destiné à trouver sa place parmi les grands classiques du dessin animé- Persépolis est à la fois:
-Une occasion pour repasser un pan d’histoire récente : la chute du shah d’Iran, les brèves illusions de démocratie suivies d’une répression difficilement imaginable pour nous autres Occidentaux nés dans l’après-guerre.
-Une histoire dramatique irradiée par l’humour et la tendresse.
-Un signal d’alarme sur la facilité avec laquelle les masses se soumettent à un pouvoir inique.
… Et beaucoup d’autres choses encore, que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes.
*Les satrapes étaient les gouverneurs des satrapies dans l’ancienne Perse (l’Iran actuel), des despotes qui menaient une vie fastueuse et n’hésitaient pas à couper les têtes.
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