Minuit moins cinq ?

Serions-nous à la fin de la civilisation telle que nous le connaissons? Serait-il "minuit moins cinq"? C’est ce que semblent croire les adeptes du New Age, qui s’appuient sur l'ancien calendrier Maya selon lequel nous atteindrons à la fin de 2012 la fin d'un cycle qui aura duré 26.000 ans. Commencera ensuite le Changement d'Âge, le temps de la grande Transition vers ce que les Mayas appelaient l'Âge Itza, un âge de Lumière et de Sagesse dans la conscience de la multidimensionnalité. Les mini-bouleversements que nous subissons aujourd'hui (tsunami, ouragan Katrina, incendies en Californie, élection de Sarkozy etc.) ne seraient que les premiers soubresauts liés à cette fin de révolution cosmo-planétaire et toutes les données géo-biologiques risquent de s'en trouver profondément affectées. Certains évoquent une gigantesque et définitive panne thermoélectrique, qui renverrait aux charrettes de leurs ancêtres et aux signaux de fumée les rares chanceux qui réussiront à s’en tirer.

Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que les scientifiques sembleraient confirmer cette hypothèse. Les astrophysiciens solaires du Centre Marshall de la NASA (MSFC) ont annoncé ce 4 janvier 2008 l'apparition du premier groupe de taches solaires présentant une polarité opposée, ce qui indique qu’un nouveau cycle solaire à commencé. Chaque cycle dure en moyenne 11,1 ans ; celui-ci, appelé «cycle 24» est en retard, ce qui pourrait en renforcer les effets. Cette nouvelle période solaire va évoluer avec une recrudescence de taches et de tempêtes solaires qui connaîtront un maximum d’ici 2011 ou 2012 et pourraient affecter sensiblement la planète Terre. Selon les physiciens cités par le Nouvel Observateur*, « on peut par exemple redouter des pannes gigantesques du réseau électrique ou de téléphonie mobile. Des détraquages du système GPS. Des bugs à foison dans les ordinateurs… ou les iPods. Ils semble en outre que les militaires soient très inquiets, car les particules solaires pourraient perturber leurs satellites et surtout dévier les trajectoires de leurs missiles ».

Il est également intéressant de noter que le Bulletin of the Atomic Scientists, une revue scientifique basée à l'Université de Chicago, a mis à jour l’année dernière son Horloge de la fin du monde (Doomsday clock), une horloge conceptuelle qui représente le danger qui pèse sur l'humanité du fait des menaces nucléaire, écologique et technologique, et sur laquelle minuit représente la fin du monde. Créée en 1947 après les bombardements atomiques américains sur le Japon, elle indique aujourd’hui minuit moins cinq** (11.55 pm) après avoir été avancée de deux minutes le 17 janvier 2007, suite aux tensions dues aux ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord. Le magazine a fait son annonce à Londres et à Washington DC en simultané. Sir Martin Rees, éminent astrophysicien britannique, et le physicien Stephen Hawking y ont participé. « Les effets cumulés de l’activité humaine sur la biosphère, le climat et les océans sont sans précédents » a déclaré M. Rees. «Ces menaces environnementales, sans ennemis, devraient être au centre des préoccupations politiques autant que l’était le clivage est/ouest pendant la Guerre froide».
À l'origine le concept d'horloge de la fin du monde représentait la potentialité d'une guerre nucléaire mondiale, et soulignait la menace liée à la prolifération des armes nucléaires. Il englobe maintenant les perturbations dues au changement climatique, les problèmes liés aux hydrocarbures (pic pétrolier, géopolitique du pétrole) ou encore les risques liées aux nouvelles technologies.

Nous voilà avertis. Entre les caprices du soleil et les possibles conséquences de la folie humaine, il ne nous reste qu’à réparer nos charrettes et apprendre à nous défendre de nos semblables. Car on n’ose penser à ce qui se passerait si tout ce qui marche à l’électricité devait brutalement finir.

*Numéro du 24-30 janvier 2008
**« Minutes to Midnight » est le nom d’un album de Linkin Park, sorti le 14 mai 2007. Le titre (que l’on pourrait traduire par « Minuit moins cinq » fait référence à l'Horloge de la fin du monde.