J’ai trouvé, dans un site remarquable où j’ai échoué par hasard, des peintures* qui m’ont immédiatement fait penser à un récit de Zhuangzi** (ou Tchouang Tseu), dans lequel un cuisinier explique à son maître comment il a acquis un parfait savoir-faire dans le dépeçage des bœufs.
«Le cuisinier Ting dépeçait un bœuf pour le prince Wen-houei. On entendait des «houa» quand il empoignait de la main l’animal, qu’il retenait sa masse de son épaule et que, la jambe arqueboutée, du genou l’immobilisait un instant. On entendait des «houo» quand son couteau frappait en cadence, comme s’il eut exécuté l’antique danse du Bosquet ou le vieux rythme de la Tête de lynx.
C’est admirable! s’exclama le prince, je n’aurai jamais imaginé pareille technique!
Le cuisinier posa son couteau et répondit: ce qui intéresse votre serviteur, c’est le fonctionnement des choses, non la simple technique.
"Au début, je voyais devant moi le bœuf tout entier…"
Sous l’action délicate de la lame, les parties se séparent avec un « houo » léger comme celui d’un peu de terre qu’on pose sur le sol... Mon couteau à la main, je me redresse, je regarde autour de moi, amusé et satisfait, et après avoir nettoyé la lame, je le remets dans son fourreau.»
*Le premier tableau est le célèbre « Bœuf écorché » de Rembrandt. Pour les autres, se référer au site de Paco.
**Traduction de J-F Billeter dans « Leçons sur Tchouang-Tseu »
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