"La violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre" Pascal
"La non-violence est la loi de notre espèce, tout comme la violence est la loi de l'animal" Gandhi
Le gouvernement organise aujourd’hui et demain à Paris des états généraux de la sécurité à l'école. "L'ambition est de "comprendre, prévenir, agir"… Luc Chatel a affirmé mercredi au journal Le Parisien qu'il souhaitait "un éventail de sanctions plus large" contre les auteurs de violence à l'école, "qui réponde tant au manque de respect à un professeur qu'à un cas de racket violent". (Le Monde.fr)
Nous vivons décidément dans une drôle de société où les autorités -tout comme la médecine- semblent ne s’intéresser qu’aux symptômes sans jamais s’interroger sur leurs causes. Quelqu’un s’est-il sérieusement demandé quelles pouvaient être les raisons de cette violence qui, aux temps lointains où nous allions à l’école, eut été tout bonnement inimaginable ? D’où peut bien venir le fait que des adolescents -parfois des enfants- se sentent autorisés à recourir aux coups et parfois aux armes pour obtenir ce qu’ils veulent, ou éviter de faire ce qu’ils ne veulent pas ? Avant de donner la faute aux programmes de la télévision et à l’internet, ne conviendrait-il pas de s’interroger sur les comportements des adultes dans notre douce France, cher pays de notre enfance ?
La semaine dernière la direction de Sodimatex, acculée face à des ouvriers qui menaçaient de faire exploser l’usine, a cédé au chantage et accepté de rediscuter les indemnités de licenciements. Christian Estrosi, ministre de l’industrie, s’est contenté d’exprimer sa plus grande satisfaction. L’année dernière, c’étaient les séquestrations de patrons qui faisaient florès. Selon les sondages réalisés en avril 2009, 30% des Français s’étaient déclarés favorables à ce mode de rétorsion de la part de salariés victimes de plans sociaux ou de fermetures d’usines. Seuls 7% les avaient condamnées. Les autres n’approuvaient pas mais « comprenaient »...
On peut supposer qu’une bonne partie de ces gens a des enfants en âge scolaire. Et il n’est pas difficile d’imaginer la teneur des conversations -ou des bribes de conversation- à l’heure du dîner, devant la télévision, chez les salariés de Sodimatex (ou de Sony France, 3 M, Caterpillar, Scapa France...): « Oui mes enfants, si le patron veut pas lui donner plus d’argent, papa va lui incendier son usine » (ou « papa va l’enfermer dans son bureau et le garder en otage»)… Comment les enfants pourraient-ils, dans de telles conditions, encore comprendre -et respecter- le principe d'autorité?
SURTOUT NE PARLEZ PAS DE MORALE: C'EST DEVENU UN GROS MOT
Le problème de la violence à l’école est de la plus grande gravité, moins en tant que tel qu’en tant que symptôme d’une grave maladie de notre société. Une société qui a oublié le sens même du mot « morale », auquel la grande majorité attribue une connotation négative. Dans une récente allocution télévisée, l’actuel Président de la République s’est même excusé avant de le prononcer ("oserai-je le dire?"): comme s’il s’agissait d’un gros mot.
Photo: l'usine Sodimatex pendant le bras de fer entre les salariés et la direction.
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