Un étrange animal a pris ses quartiers sur la Promenade des Anglais. Son museau en peluche crasseuse , qui s’ouvre et se referme mécaniquement, est décoré de fleurs en tissu. Son corps est recouvert d’un drap blanc, chaque jour un peu plus gris : Nice n’échappe pas à la pollution. Pour embellir le tout, on a recouvert le drap de vieilles guirlandes d’arbre de Noël qui descendent jusqu’à terre. Sous ce bizarre animal-tente, on devine une forme humaine accroupie; les chaussures posées sur le sol laissent supposer qu’il s’agit d’un homme. Un homme qui passe ses journées enfermé dans ce costume-tente en dessous duquel il se tapit, dans l’espoir paradoxal d’attirer l’attention des passants. Quelques badauds s’arrêtent effectivement, et sourient d’un air perplexe tout en restant prudemment à distance. Accompagné d’une musique incertaine, une voix chante de vagues mélopées. On ne sait rien de cette personne, ni son âge, ni d’où elle vient, ni les raisons qui ont pu l’amener à se confectionner cette pathétique cachette qui, contrairement à la burka, n'a même pas d'ouverture pour les yeux.
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