Si je vous disais que d’ici moins de 50 ans, toutes les langues pourraient avoir disparu au profit d’un nouvel idiome commun à tous, cela vous donnerait-il le blues ? Question de feeeling, me répondriez-vous, et ce n’est pas cela qui va gâcher votre week-end et le barbecue de rigueur. D’ailleurs, vous avez déjà commandé les steacks et les hamburgers et ce ne sont pas les nostalgies d’une blogueuse un tantinet has been, une baby-boomeuse pas très à l’aise dans ses baskets, qui vous empêcheront de montrer votre iPhone 4G aux amis, juste pour le fun, et d’arborer votre nouveau jean slim, bien mérité après toutes ces heures de body-building au fitness center. Tout cela est parfaitement OK et le franglais n’est pas une nouveauté. Alors de quoi s’inquiète-t-on ?
On s’inquiète parce que la langue maternelle, porteuse des affects et des symboles, joue un rôle central dans la construction du psychisme: sa perte, même partielle, pourrait avoir de graves conséquences sur la santé mentale des populations (sans compter bien évidemment le rôle de la langue dans la culture d’un peuple). On s'inquiète parce que le monde est en passe de devenir une tour de Babel inversée, dominée par un seul et unique langage, le globish (de global english) : un anglais simplifié, adapté et transformé selon les exigences des différents pays, qui permet à tous ceux qui travaillent en entreprise de communiquer sans complexes dans un seul et unique sabir que tous semblent comprendre et utiliser sans le moindre problème**.
Selon l’hebdomadaire du quotidien La Repubblica*, l’utilisation de termes étrangers dans les entreprises italiennes (l’anglais dans plus de 90% des cas) a augmenté de 773% en huit ans! Luciana Castellina, ex-eurodéputé et auteur du livre «Eurollywood» est une des rares à s’inquiéter d’un phénomène qui dépasse l’entendement. Le plus troublant est que les plus féroces utilisateurs de ce soi-disant anglais connaissent très mal cette langue et l’estropient de façon pathétique, histoire d’être dans le coup, pardon, de se sentir up to date.
Dans ce domaine, l’Italie bat la France à plate couture. Voici, à titre d’exemple, le texte d’une invitation envoyée via e-mail, par une société milanaise spécialisée dans le troc de vêtements griffés et l’artisanat à base de matériaux recyclés. Dans ce cas précis, les destinataires étaient tous italiens.
Apre a Milano il primo concept store completamente dedicato alla sostenibilità.
Un quarto di green-design, uno di moda glam eco-chic, uno di cultura e uno di relax: condite con tanto spirito di socializzazione, agitate con brio et voilà, ecco la ricetta del primo EcoConcept Store Italiano, firmato da Atelier del Riciclo, un open suggestivo che comprende:
-swap boutique dedicata allo scambio di abiti, accessori moda e bijoux
-library-lounge dove rilassarsi, incontrare amici, navigare in internet free wi-fi e consultare liberamente libri e riviste dedicate all’ecologia, alla moda ed al design.
- live-show-room di oggetti d’arte e green design realizzati con materiali di recupero, spazio mostre e corsi dedicati ai temi della sostenibilità.
PROGRAMMA WARDROBE REFASHIONING SABATO 8 maggio 2010
Lo stage propone in anteprima italiana una serie di mini-corsi per diventare l’image-maker di se stesso, affinando non solo il buon gusto e la sensibilità da cool hunter, e per integrare i brand con la libera creatività, nella consapevolezza dei propri punti di forza, per la creazione del guardaroba ideale.
Point besoin de connaître la langue de Dante pour se faire une idée de ce qu’elle est devenue. Et le pire, c’est que personne ou presque ne semble s'en offusquer.
*Il Venerdi’ della Repubblica, 21 mai 2010
** Lire à ce propos l'article de la Tribune de Genève "Comment dit-on «buzz» ou «tuning» en français?"