Honte à moi: j’ai omis, pour cause de déplacement, de signaler la Journée Internationale de la Lenteur. Elle a eu lieu le 21 juin, jour du solstice d'été, date idéale s’il en fut: solstice vient du latin sol (soleil) et sistere (arrêter, retenir); le 21 juin, la terre retient le soleil, arrête le temps...
Cette année l’initiative semble avoir été particulièrement suivie au Canada, même si la première Journée de la Lenteur, née d’une côte du mouvement italien Slowfood, a eu lieu à Milan en 2007. Slow Food a été suivi par Slow Travel, puis Slow Money, mais la nouvelle du jour concerne une nouvelle branche de cette tension désormais planétaire vers un retour à la lenteur : le Slow Reading (Lire lentement) auquel Newsweek de cette semaine consacre deux pages* et dont le manifeste est le livre éponyme du canadien John Miedema. L’auteur, un spécialiste en technologie qui travaille chez IBM à Ottawa, y dénonce une habitude très ancrée dans les mœurs contemporaines: le fait de lire trop vite, qui est le moyen le plus sûr de comprendre mal et ne rien mémoriser. Contrairement à l’idée reçue qui associe le fait de lire lentement à une intelligence limitée, Miedema explique que la lenteur permet au lecteur de développer sa mémoire et ses capacité intellectuelles. (Ce qui me fait personnellement très plaisir, car j’ai toujours été terriblement agacée par les gens qui déclaraient « lire en diagonale »… Lire en diagonale! Mais vous vous rendez compte?).
« Les gens sont devenus fous » déclare dans son blog** Tracy Seeley, une jeune professeure d’anglais de l’Université de San Francisco, citée dans l'article de Newsweek. « Nous sommes tellement amoureux des technologies que nous ne prenons pas le temps de penser au meilleur moyen de nous en servir, ni quelles peuvent en être les implications. Les livres sont devenus pour moi le lieu idéal où je peux enfin lever le pied ».
Newsweek conclut en suggérant comme slogan, ou plutôt comme mantra pour la prochaine décade : « Turn off, turn off, turn off » : « Éteindre, éteindre, éteindre ». Se déconnecter est en effet le premier et le plus sûr moyen de ralentir. Et me voilà à rêver du jour merveilleux où, pour être branché, la conditio sine qua non sera... de tout débrancher.
* « Slow notion » de Malcolm Jones (Newsweek July 12 p.51)
**« Great Minds, Great Books, and Slow Life » 23 mai 2010
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