« Le surdéveloppement est en train de détruire l’héritage de la Chine », titre aujourd’hui China Daily, le quotidien officiel en langue anglaise : « De nombreuses villes chinoises se sont engagées dans la mauvaise direction en détruisant de façon massive des trésors architecturaux ».
Ce qui se passe actuellement en Chine est tout bonnement catastrophique. Dans un pays déjà pauvre en monuments anciens -pour le simple fait que la majorité des constructions étaient en bois et donc éphémères- la course folle à la construction sauvage est en train de raser toute trace du passé. Dans la seule ville de Pékin, la moitié des hutongs (les vieux quartiers du centre) a déjà disparu au profit de gratte-ciels vertigineux. Mais le cataclysme concerne l’ensemble du pays.
Les Chinois, qui pendant plus de 2.000 ans se sont nourris des enseignements de leurs grands sages des temps anciens, se moquent de leur passé comme de leur première paire de baguettes. Un seul mot d’ordre : copier l’Occident et même le dépasser, aussi vite qu’ils le peuvent. Je me suis souvenue, en lisant l'article de China Daily, du récit d’une amie chinoise, mariée à un Français et professeure à l’Université de Nice-Sophia Antipolis. Elle me racontait que ses parents, découvrant la France pour la première fois, n’avaient pas du tout été impressionnés par la beauté de Paris : ils trouvaient notre capitale ennuyeuse, car terriblement vieillotte. Ce n’est qu’en visitant le quartier de la Défense qu’ils avaient commencé à manifester un certain enthousiasme : enfin quelque chose de nouveau, enfin quelque chose de beau !
Au milieu des champs de décombres et des chantiers barbares, une petite silhouette solitaire se dresse : celle de Jeffrey Wong, un homme d’affaires enrichi au Canada et maintenant à la retraite, qui s’est donné pour mission de racheter aux entreprises de démolition les matériaux des vieille demeures et des temples anciens -briques, tuiles, piliers…- pour les reconstruire à l’identique sur des terrains de sa propriété. Pour ce faire, il a embauché des maçons et des ingénieurs « traditionnels » : tous sont âgés de plus de 60 ans car, comme le souligne Mister Wong, « les plus jeunes ne montrent pas le moindre intérêt pour les techniques de reconstruction des structures anciennes ».
La passion de Mister Wong suscite le scepticisme des autorités et semble incomprise de sa famille : « Ils considèrent que je collectionne des ordures » déclare-t-il dans le documentaire que lui a consacré lundi dernier la chaîne Planète.
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