Pour la troisième fois de son histoire, le Tour de France a choisi Brest comme ville de départ. Le Tour était déjà parti de cette ville en 1952 et 1974, éditions respectivement gagnées par l’Italien Fausto Coppi et le Belge Eddy Merckx. De longue date, la Bretagne est terre de vélo. En témoigne ce récit de Raimond Sabouraud, mon arrière-grand-père alors interne à l’hôpital St Antoine: un voyage à vélo qui commence à Brest, en août 1892, neuf ans avant le premier Tour de France (1903), gagné par Maurice Garin.
«Triboulet, qui était interne à l’hôpital Necker, y avait connu Bodin et me l’avait fait connaître. La connaissance fut d’ailleurs vite faite : nous étions presque compatriotes; Il était de Rennes, moi de Nantes; il aimait sa Bretagne, moi aussi. Nous nous étions plusieurs fois rencontrés en salle de garde et avions fait de grands projets de balade. Bodin était très vigoureux et très allant, mais il n’avait pas d’argent et il ne savait pas monter en bécane.Triboulet lui revendit à bas prix la sienne qui était un clou infâme, car il venait d’en acheter une autre; ainsi Bodin se trouva monté, un peu comme d’Artagnan sur l’âne de Meung, mais enfin monté, et pendant les quelques jours qui restaient il apprit à se tenir en selle. Mais c’était à peine la cinquième ou la sixième fois qu’il mettait le derrière dessus quand nous partîmes. (Ci-dessous: une bicyclette de 1891)
… On arriva à Brest vers 11 h. et quoique mon estomac criât famine, les autres ne voulurent rien entendre, il fallait s’embarquer et tout de suite. Nous fûmes sur le quai et fîmes prix avec des pêcheurs qui nous promirent de nous faire passer de l’autre bord en une heure. Voilà les bicyclettes tassées à l’avant du bateau, nous à l’arrière, et nous partons…
Je note en passant que la bicyclette à cette époque paraissait tout à fait inconnue en Bretagne et beaucoup de gamins s’enfuyaient à notre approche et de ceux que l’on pouvait joindre, il n’était pas facile de tirer un mot, même de ceux qui parlaient français et ce n’était pas la majorité »…
Dr. Raimond Sabouraud, "Mémoires"- 1924
Et quant à moi j'ajoute que, sans rien savoir des exploits vélocipédiques de notre ancêtre (je n'avais pas encore mis la main sur ses Mémoires), mon fils et moi avons fait un voyage à vélo, partant de Brest... en août 1992, exactement cent ans après, presque jour pour jour!!! Nos étapes étaient pratiquement le mêmes que les leurs, et comme eux nous avons fini notre périple à Lorient, d'où nous sommes repartis en train.
(À droite: votre servante sur la presqu'île de Crozon, en face de Brest).
«Triboulet, qui était interne à l’hôpital Necker, y avait connu Bodin et me l’avait fait connaître. La connaissance fut d’ailleurs vite faite : nous étions presque compatriotes; Il était de Rennes, moi de Nantes; il aimait sa Bretagne, moi aussi. Nous nous étions plusieurs fois rencontrés en salle de garde et avions fait de grands projets de balade. Bodin était très vigoureux et très allant, mais il n’avait pas d’argent et il ne savait pas monter en bécane.Triboulet lui revendit à bas prix la sienne qui était un clou infâme, car il venait d’en acheter une autre; ainsi Bodin se trouva monté, un peu comme d’Artagnan sur l’âne de Meung, mais enfin monté, et pendant les quelques jours qui restaient il apprit à se tenir en selle. Mais c’était à peine la cinquième ou la sixième fois qu’il mettait le derrière dessus quand nous partîmes. (Ci-dessous: une bicyclette de 1891)
… On arriva à Brest vers 11 h. et quoique mon estomac criât famine, les autres ne voulurent rien entendre, il fallait s’embarquer et tout de suite. Nous fûmes sur le quai et fîmes prix avec des pêcheurs qui nous promirent de nous faire passer de l’autre bord en une heure. Voilà les bicyclettes tassées à l’avant du bateau, nous à l’arrière, et nous partons…
Je note en passant que la bicyclette à cette époque paraissait tout à fait inconnue en Bretagne et beaucoup de gamins s’enfuyaient à notre approche et de ceux que l’on pouvait joindre, il n’était pas facile de tirer un mot, même de ceux qui parlaient français et ce n’était pas la majorité »…
Dr. Raimond Sabouraud, "Mémoires"- 1924
Et quant à moi j'ajoute que, sans rien savoir des exploits vélocipédiques de notre ancêtre (je n'avais pas encore mis la main sur ses Mémoires), mon fils et moi avons fait un voyage à vélo, partant de Brest... en août 1992, exactement cent ans après, presque jour pour jour!!! Nos étapes étaient pratiquement le mêmes que les leurs, et comme eux nous avons fini notre périple à Lorient, d'où nous sommes repartis en train.
(À droite: votre servante sur la presqu'île de Crozon, en face de Brest).
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