Notre époque est celle de la dépendance, nous sommes tous des toxicomanes, accros non plus à des substances mais à des technologies. Ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est que ce n’est pas nous qui choisissons nos drogues, mais le système qui nous les impose et met tout en œuvre pour nous rendre dépendants le plus rapidement possible: les opérateurs de téléphonie offrent des forfaits pratiquement «cadeau» pour les 10-18 ans, les fabricants d’ordinateurs proposent des modèles «d’éveil» pour les 18 mois-3 ans, les sites sociaux comme Facebook nous capturent en quelques heures en nous faisant croire qu’il suffit de deux clics pour devenir l’ individu le plus populaire du monde… Et nous tombons dans leurs pièges comme des mouches dans le miel.
Mais ce qui est plus intéressant encore, c’est qu’au moment même où ledit système nous a obligés, -à coup d’interdiction de fumer et d’alcootests- à renoncer nos vieilles dépendances soudain diabolisées, il nous a enfermés aussi sec dans une nouvelle forme d’addiction, potentiellement bien plus dangereuse pour nos psychismes: celle qui nous rive chaque jour un peu plus à nos SMS, nos écrans tactiles, nos blogs, nos sites de rencontres, nos consoles de jeu etc.
Des individus scotchés à un écran seraient-ils plus dociles et malléables que les tabagistes et les ivrognes ? C’est fort possible. Toujours est-il que la synchronicité entre la répression d’un côté et l’encouragement tous azimuts de l’autre est assez troublante... tout comme l'est la naïveté avec laquelle nous nous précipitons les yeux fermés sur chaque nouveauté, sans jamais nous demander ce qu’elle pourrait cacher, et où elle va nous porter.
Commentaires