Jusqu’à des temps récents, la seule idée d’une cheminée faisait rêver: la danse capricieuse des flammes, le parfum du bois et le craquement des bûches, la chaleur qui vous pénètre les os… sans parler de la cohorte de souvenirs -ou de fantasmes- qu’un feu de cheminée réveille en chacun de nous: du père Noël qui remplissait nos petits souliers aux premiers émois amoureux (ah, s'étreindre sur une peau de mouton, devant un crépitant feu de bois!), des veillées campagnardes avec force pommes de terres -en robe de chambre ou en robe des champs?- mais de toute façon cuites sous la cendre, le feu de cheminée est un archétype, un enchantement capable à lui tout seul d’abolir le temps, de nous faire oublier télévision et ordinateur en nous replongeant comme par miracle dans une vie plus vraie, plus naturelle, plus sensuelle.
En pédalant aujourd’hui le long du boulevard Gambetta à Nice, j’ai dépassé une fourgonnette qui vantait sur ses flancs les mérites des «cheminées bioéthanol». Loin de moi l’idée de vouloir discuter les dits mérites, mais j’avoue que ces cheminées sans odeur, sans crépitements et sans cendres me font un peu froid dans le dos. Quelle triste époque que la nôtre, où au lieu de vendre du rêve, les fabricants de cheminées n’ont rien trouvé de mieux qu’affubler leurs «produits» du doux nom de «bio éthanol» !
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