D’année en année et de film en film, Clint Eastwood n’en finit pas de nous enchanter, et de nous faire pleurer. Sortir d’un de ses films sans mouchoir à la main est mission impossible, alors autant ne pas s’en priver. Rien à voir cependant avec de la guimauve: vous ne trouverez pas chez Clint un gramme de sentimentalisme niais ni de bêtisante nostalgie. Vous trouverez par contre, et dans chacun de ses films, du grand cinéma doublé de grandes leçons de morale (et tant pis si de nos jours, ce mot a mauvaise presse). Par les temps qui courent, on ne peut que l’en remercier. Du fond du cœur.
Les critiques de cinéma, qui le couvrent maintenant de louanges après l’avoir honni pendant bien longtemps, ont vu dans "Invictus" un discours sur l’importance politique du sport. On y voit en effet un Nelson Mandela fraîchement élu président de la République Sud-Africaine et tout à fait conscient de l’occasion en or offerte par la Coupe du Monde de rugby, qu’il fera gagner contre toute attente à l’équipe nationale… Mais l’essentiel n’est pas là.
L’essentiel est, IMHO, une remarquable leçon sur la leadership et ce que signifie être un chef, qu’il s’agisse d’un président de la République ou du capitaine d’une équipe sportive. «Vous m’avez élu pour vous diriger» dit Mandela (un époustouflant Morgan Freeman dans le rôle de sa vie) «et c’est ce que j’ai l’intention de faire». Ce géant sut imposer ses convictions réconciliatrices à une population noire incrédule et compréhensiblement revancharde. Il le fit avec beaucoup d’autorité, mais sans jamais négliger d’expliquer les raisons de ses décisions. Belle leçon pour les nains qui n'ont jamais eu la moindre conviction (si ce n’est la volonté d’être réélus) et qui pilotent à vue, avec pour seule et unique boussole les sondages d’opinion…
Quant à Clint Eastwood, il est de toute évidence investi d’une mission, qui devrait être celle de tous les artistes et de tous les écrivains: nous aider à mieux voir le monde -tel qu’il est et non tel que nous désirons le voir-, tout en nous indiquant la direction à suivre pour tenter de l’améliorer, de nous améliorer. Ce faisant, il est touché par la grâce. Ses films devraient être projetés dans tous les collèges et lycées du monde. Mais pour ce qui est de la France, il n’est pas certain que le message d’ «Invictus» intéresse les instances qui nous gouvernent actuellement.
De toute façon merci Clint, et rendez-vous à votre prochain film.
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