Dans le Nouvel Observateur (version papier) de cette semaine, je tombe sur un article intitulé : «La malédiction Cantat» (en surtitre: «Sa femme se suicide»). On y apprend que Kristina Rady s’est donné la mort par pendaison. Kristina Rady était l’ex-épouse et la mère des enfants du chanteur de Noir Désir condamné à huit ans de prison pour l’homicide involontaire de sa compagne Marie Trintignant.
Malédiction est un mot biblique, un mot mythologique. Un mot très lourd, peut-être le pire que l’homme ait jamais inventé. Un mot qui se réfère à l’inéluctable, à l’inévitable, et abolit le libre arbitre humain et toute forme d’espoir. Un mot qu’il vaudrait mieux ne jamais prononcer, et surtout ne jamais écrire. Un mot qu'il faudrait même ne jamais penser. Avant de trouver un tel titre à cette nouvelle tragique, l’auteur de l’article (Isabelle Monnin) n’a de toute évidence pas songé un seul instant aux enfants de Kristina Rady et Bertrand Cantat. Il ne leur suffisait pas d’avoir un père condamné pour homicide et une mère qui vient de se suicider (le pire abandon qu’un enfant puisse subir). Voilà maintenant qu’un hebdomadaire qui fait autorité, un hebdomadaire qui tire 650.000 exemplaires et se vante d’être lu par plus de deux milions de lecteurs, relie leur patronyme à la notion de malédiction. Ce qui équivaut ni plus ni moins à dire : quoi qu’ils fassent, ces enfants sont foutus. Amen.
Honte au journalisme voyou et irresponsable qui écrit avant de penser, honte à toutes et tous les «Isabelle Monnin» de la Terre, pour lesquels le mot «responsabilité» n’a aucun sens et qui, dans les sujets qu'ils doivent traiter, ne savent faire aucune distinction. Honte à un magazine soit disant sérieux, qui laisse passer un titre digne du pire torchon people.
Dans de telles conditions, peut-on continuer à lire un tel périodique?
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