L’insupportable Georges Frêche, pourtant plébiscité en sa région, a suggéré sur France 2 d’observer une minute de silence pour les partis politiques, grands vaincus de ces élections. On ne peut guère lui donner tort; mais avant d’enterrer les partis -et de se livrer à de sombres pronostics concernant les résultats très inquiétants du Front National- peut-être conviendrait-il, face à 48,8% d'abstentions, d’entonner le De Profundis de la démocratie.
Le suffrage universel est, ne l’oublions pas, une invention française. Suite à la Révolution de février 1848 et à l'abdication du roi Louis Philippe, la France fut le premier état à adopter le suffrage universel masculin, le 2 mars 1848 : tous les Français de sexe mâle et de plus de 21 ans furent appelés à élire une Assemblée constituante. (En ce qui concerne le vote des femmes, la France fut nettement plus retardataire: nous n'avons conquis ce droit qu'en 1944, soit presque cent ans après!).
En 1848 le taux d'abstention fut inférieur à 20%, même si voter était loin d’être une entreprise facile: les élections duraient en général deux jours et les citoyens devaient se rendre au chef-lieu de canton, avec tous les inconvénients et les frais que représentait un tel déplacement.
Qu’en déduire, sinon que la démocratie est morte ? Et que tout le reste n'est que bavardage ?
Comment signifier à nos politiques que leurs comportements sont grotesques, que nous sommes autre chose que des moutons, sans mettre la nation en danger? Le monde change sauf eux.
Rédigé par : touty | mardi 23 mar 2010 à 16h20
Nos politiques ne sont que des pantins. Mais le problème est que la classe politique reflète la population qui l'a choisie.
Vaclav Havel disait: "Cesser de critiquer le miroir qui reflète ce que vous êtes"...
Peut-être la seule attitude raisonnable serait l'autocritique que chacun de nous devrait faire pour avoir permis un tel délitement.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | mardi 23 mar 2010 à 17h11
La "mort de la démocratie", idée tristement radicale tout de même, trouve sa source dans le manque de rêve : quel homme politique, quel meneur fait vraiment rêver aujourd'hui ? La pensée démocratique, ne l'oublions pas, donne le gouvernement au peuple, cette pensée me semble pervertie par la faillite du devoir d'éducation et d'instruction qui échoit à nos représentants. Comme il est facile de remarquer à quel point les gens se disent désintéressés du monde politique car la technocratie économique a pris la toute puissance. Où sont les orateurs qui ont fait les grandes heures de la vie politique française ? Remplacés par des techniciens.
Ce n'est pas la démocratie à la française qui est morte, c'est la pensée. La pensée appelle l'engagement... Je terminerai par une remarque également sur le poids de ce qui est communément appelé "la pensée unique" ou "la bien-pensance" qui montre une certaine pauvreté d'idées chez certains hommes et femmes (souvent artistes, pseudo humoristes) qui se disent "engagés" politiquement... Aragon, Sartre et surtout Camus doivent se retourner dans leur tombe de voir le manque d'honnêteté chez la plupart de ces engagés qui passent plus leur temps à se poser en maîtres censeurs et donneurs de leçons, favorisant ainsi l'hypnose du peuple, plutôt que de bâtir et proposer de nouvelles idées, du rêve... Je vote pour la sagesse.
Rédigé par : Oteurz | mercredi 24 mar 2010 à 10h08