Dans sa chronique du Nouvel Observateur de cette semaine, Jacques Julliard commente avec brio et érudition l’affaire Bettencourt, dont le scénario lui paraît digne du meilleur Balzac (le problème étant, IMHO, qu’il va être difficile de trouver le Balzac contemporain capable de tirer un roman digne d’un canevas si exceptionnel). À la fin de son article, Julliard évoque « la crise morale de la société contemporaine [qui] va bien au-delà du scandale financier et bancaire permanent que nous vivons depuis deux ans. C’est un mal insidieux, inexorable, c’est la capitulation des esprits et le pourrissement des âmes ».
Cette capitulation des esprits, ce pourrissement des âmes parviendront-ils à désintégrer la France et son régime démocratique comme ils l’ont fait en Italie ? Il y a vingt encore, les Italiens descendaient dans la rue dès qu'un abus était commis. Aujourd’hui le Président du Conseil Berlusconi, pourtant affaibli dans les sondages, peut se permettre n’importe quoi sans que la population lève le petit doigt. Quoi qu’il arrive de l’autre côté des Alpes, personne ne réagit plus. La dernière trouvaille de Berlusconi est d’avoir inventé un nouveau ministère -par ailleurs parfaitement inutile car ses compétences chevauchent celles de deux ministères existants - pour y placer un de ses protégés, Aldo Brancher, et lui permettre ainsi d’invoquer le « legittimo impedimento » (empêchement légitime) pour éviter de comparaître devant les juges pour un scandale financier.
Le fait que Brancher, dénoncé par la presse de l'opposition, ait présenté sa démission il y a deux jours ne change rien à l’affaire. Ce qui est effrayant, c’est qu’une fois de plus les Italiens n’ont rien dit. Il y a belle lurette que les Italiens ont capitulé, qu’ils dorment d’un sommeil profond. Ils ont honte de leur pays au point de refuser d’en parler, mais rien n’y fait : chaque jour un peu plus, la démocratie se désagrège, se dissout; elle sera bientôt un souvenir vague et confus dans un pays qui ne croit plus ni à la politique, ni à l'État de droit, ni à rien. Est-ce le sort qui nous attend nous aussi ?
J´aime beaucoup te lire quand tu parles de l´Italie ou des Italiens. Aujourd´hui, "El País" publie l´interessant article d´un écrivain italien que je ne connaissais pas: Andrea Camilleri. Il parle justement de "l´âme italienne" lui aussi.
Ce doit être un de ces articles qui sont publiés ( et traduits) simultanément sur divers grands quotidiens ( Le Monde, aussi?)
Ils indiquent sur mon journal espagnol le lien d´où provient cet extrait: "Abecedario de Andrea Camilleri" www.deriveapprodi.org.
C´est en italien, cette langue qui n´a plus de secrets pour toi.
Rédigé par : Claudie Dufour | mardi 13 juil 2010 à 19h23