« Attaquer un problème par le mauvais bout, voilà qui est désastreux ! »
Confucius II-16
Écoutez autour de vous les gens parler de la Coupe du Monde de football: tous, de la ministre des sports à l’homme de la rue, ne pensent qu’à s’en prendre à Raymond Domenech qui n’a pas su constituer un équipe digne de ce nom, à Anelka qui l’a injurié, à l’arrogance et à l’incompétence des joueurs dans leur ensemble etc… sans que personne ne s’avise de prendre un peu de recul et de voir que la seule vraie question devrait être la suivante : comment avons-nous pu laisser le football envahir à ce point nos vies et nos esprits? Comment est-il possible que quelques « milliardaires en short qui s’égayent sur une pelouse »* aient le pouvoir de modifier l’image qu’un pays a de lui-même et l’estime de soi de ses habitants, en dehors -et en amont- de toute éventuelle considération sur la qualité de leurs prestations?
L’importance que le football a pris dans notre quotidien est inimaginable. Avant de s’inquiéter des fautes commises par les milliardaires du ballon rond, mieux vaudrait s’interroger sur les raisons qui nous ont menés à donner une importance si démesurée à leur métier, ainsi que sur l’état de la pensée critique, dans notre pays comme dans le reste de la planète.
Il y a seize siècles, Saint-Augustin se désolait de la dépendance aux jeux du cirque du jeune Alypius et réussit à l’en détourner pour toujours.
« … la leçon me parut demander, pour son explication, une comparaison empruntée aux jeux du cirque … avec un assaisonnement de raillerie piquante contre les esclaves d’une telle manie …. J’avais dit, et aussitôt Alypius s’élança hors de l’abîme où un aveugle plaisir l’avait précipité; sa magnanime résolution secoua son âme et en fit tomber toutes les ordures du cirque, où il ne revint jamais depuis"*.
Il semblerait que la bêtise humaine n’ait guère changé en seize siècles. Mais contrairement à Alypius, nous n’avons personne pour s’en indigner, secouer le cocotier et nous aider à retrouver un peu de lucidité.
*Confessions de Saint-Augustin"
Il y a presque deux mille ans, Juvénal évoquait déjà les fameux « panem et circenses » nécessaires à la populace. Pourquoi cela changerait-il ?
Triste monde...
Rédigé par : Quelqu'un | vendredi 02 juil 2010 à 15h31
Oui, du pain et de jeux. Et il y a 2500 ans, le penseur chinois Laozi disait que pour qu'un état soit bien gouverné, il fallait que le peuple ait "le ventre plein et la tête vide".
Pourquoi cela changerait-il? Parce qu'en théorie la condition humaine devrait impliquer une évolution vers le haut, un progrès constant, non pas seulement technologique mais surtout d'ordre intellectuel et spirituel. Or il n'en est rien, c'est même plutôt le contraire qui se produit. Que faire? Continuer à s'indigner de cette constante régression. Car le jour où personne ne s'indignera plus, nous serons vraiment perdus.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | vendredi 02 juil 2010 à 16h27
Si la réincarnation existe, ce n'est pas sûr qu'il y a une réelle amélioration de la condition humaine au fil des siècles. Les âmes qui se perfectionnent finissent par quitter la terre, ne plus revenir et sont remplacées par des âmes "nouvelles". L'évolution technologique est inévitable mais l'évolution morale et spirituelle est plus incertaine. Il suffit de regarder notre classe dirigeante et de la comparer au passé pour s'en rendre compte.
Rédigé par : Alain Cardet | lundi 05 juil 2010 à 19h10
Oui, effectivement, vu sous cette optique le processus d’abrutissement généralisé trouve un explication: les âmes évoluées ont certainement mieux à faire que de revenir sur une Terre si imparfaite et donc l’humanité dans son ensemble ne progresse pas moralement. Quoique… pour le Bouddhisme, certaines âmes évoluées -c’est-à-dire ayant atteint la bouddhéité- choisissent de revenir ici-bas, pour aider les autres à progresser. Ce sont les boddhisattvas. Apparemment il n’y en a pas des masses et aucun d’entre eux, semble-t-il, n’a envie d’aider notre classe dirigeante (entre autres).
Rédigé par : Nathalie Chassériau | mardi 06 juil 2010 à 09h11