Dans une chanson intitulée Le blason, Georges Brassens déplorait de ne disposer d’aucun mot convenable "sans être inconvenant" pour parler de «ce morceau de roi» de l’anatomie féminine. Le photographe de mode Jean-Baptiste Mondino l'a caché en plaçant un monsieur à la pelade suggestive devant «L’origine du monde» de Gustave Courbet, un petit tableau de 46 cm sur 55 cm qu’il fait apparaître immense. Pierre Klossowski a imaginé quant à lui un minuscule «Gulliver marchandant Roberte»* qui sous prétexte de le masquer, exhibe l'objet du marchandage : vous pouvez le voir de plus près à Beaubourg (voir en pied-de-note).
Un monsieur de mes connaissances l’appelle Grande Déesse, et dit LA voir partout. Je ne pense pas qu’il soit le seul. Moins portés sur la mythologie mais plus francs du collier, les Italiens ne vont pas chercher midi à quatorze heures: pour désigner une femme désirable, ils l'appellent tout simplement du nom de son organe sexuel, c'est-à-dire fica; s'ils veulent être gentils, bella fica ou gran fica, grandissima fica! Et s'ils veulent vraiment mettre le paquet (si j'ose dire), fica stratosferica. L'origine du monde aux dimensions de la stratosphère, cela fait tout de même un peu peur...
Dans tous les cas, il semble bien que l’homme se sente tout petit devant ce que, toute sa vie durant, il ne cessera de considérer comme un mystère. Dommage que cette obsession d’un organe féminin idéalisé et «gigantisé» corresponde à une réduction... de tout le reste, c’est-à-dire tout ce qui fait une femme. D’où la difficulté -sinon l'impossibilité- pour les hommes d’avoir des échanges intellectuels et de de vraies relations d’amitié avec les femmes, du moins tant qu’ils leur font l’honneur de les désirer.
Il arrive qu'elles le regrettent.
*Exposition « Pierre Klossowski, tableaux vivants", Galerie d'art graphique du Centre Pompidou. Du mercredi au lundi, de 11 heures à 21 heures. Jusqu'au 4 juin.
Magnifique analyse!
Rédigé par : Lali | samedi 28 avr 2007 à 01h35