Ce qu’il y a bien avec la science occidentale, c’est qu’elle se donne un mal fou pour démontrer des vérités que les sciences traditionnelles -et les personnes de bon sens- savent depuis des millénaires.
La dernière découverte scientifique en date*, c’est que les stress subis par les générations antérieures peuvent avoir des répercussions sur la descendance. Preuve en est qu’une poule stressée aura des petits-poussins moins débrouillards, ayant hérité de la capacité d’apprentissage dégradée de leur grand-mère poule. Nous savions que le petit-fils, ou arrière, ou arrière-arrière petit-fils d’une personne qui a vécu de graves traumatismes est susceptible d’en subir les conséquences. Cette réalité, déjà très bien vue par la Bible** et par toutes les sociétés chamaniques du monde, est devenue de grande actualité en France avec le boom de la psychogénéalogie, un mot fourre-tout dans lequel on trouve le meilleur et le pire: du côté du meilleur, des psychanalystes et des thérapeutes transgénérationnels chevronnés; du côté du pire, un foisonnement de «psychogénéalogistes», qui sous prétexte d’aider leurs clients à retrouver dans leur arbre généalogique les causes de leurs malheurs, font parfois plus de mal que de bien. (Je renvoie ceux que le sujet intéresse à mon livre -voir ci-contre- où je me suis efforcée de présenter un panorama aussi complet que possible sur cette discipline).
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos poules. La nouvelle revue scientifique PLoS One publie les résultats de chercheurs de l’université suédoise de Linköping, lesquels ont démontré qu’une poule domestique (Gallus domesticus) soumise au stress perd une partie de ses capacités cognitives, qu’elle devient plus nunuche, en quelque sorte. L'hypophyse et l'hypothalamus des gallinacées soumis à un stress répété ont montré des différences notables avec ceux des autres. Les scientifiques ont retrouvé ces mêmes différences, dans une certaine mesure, dans la descendance des volatiles: la perte des facultés d’apprentissage est donc transmise aux générations suivantes, sans que celles-ci aient subi le moindre stress, ni eu le moindre contact avec leur ancêtre stressée. Ce qui revient à dire qu’un caractère acquis (le stress et la moindre intelligence qui en dériverait, en l’occurrence) peut être hérité sans mutations. L’article conclut que ces découvertes sont d’une importance telle qu’elles pourraient justifier l'instauration d'études toxicologiques transgénérationelles. Appliqués à l’être humain, ces résultats doivent évidemment être pris avec beaucoup de pincettes. Par contre, on ne peut que se réjouir que les scientifiques commencent à s’intéresser sérieusement au transgénérationnel.
*Le Monde.fr 13 avril 07 : « La réponse à un stress peut se transmettre entre générations » de Stéphane Foucart
** Lire à ce propos l'excellent livre du psychanalyste Didier Dumas "La Bible et ses fantômes" (voir lien).
***Le dessin des poules en fuite est tiré du film d'animation "Chicken run" de Nick Park et Peter Lord.
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