Chacun voit midi à sa porte et interprète le monde selon son propre système de pensée. Pour se faire une idée de l'univers mental d'une personne, il suffit de lui demander ce qu'elle a vu dans le film "Avatar". Une chose est certaine: tout le monde n’a pas eu la même lecture que la mienne, loin de là. Je citerai pour exemple un professeur de philosophie québecquois, certain Pierre Desjardins. Là où j’ai vu dans le film une métaphore «guénoniste» de l’anéantissement des sociétés traditionnelles par la civilisation moderne, lui y a vu «l'éloge de la violence et de la guerre… sous ses décors champêtres idylliques, ce film dissimule toutefois un discours éminemment corrosif : celui de la justification de la guerre pour les paisibles Occidentaux que nous sommes !... Cette superproduction américaine de 300 millions de dollars se veut l'expression de l'idéologie guerrière» etc. etc.
Selon ce monsieur, le but du film de James Cameron est d'affirmer le droit des USA à se défendre contre les méchants de tout poil, qu’il s’agisse du terrorisme islamique, des vietcongs ou de quiconque pourrait menacer la sécurité du pays… On croit rêver. Je ne saurais trop recommander la lecture de cet article, en tant qu’exemple de ce que peut déchaîner l’envie et la jalousie chez les humains… dès que le dieu-argent entre en jeu.
Un détail amusant: le pourfendeur de Cameron accuse celui-ci de se faire appeler «le roi du monde». En fait ce sont les medias, tous adorateurs du même dieu, qui l’ont appelé ainsi à la sortie de "Titanic". Mais le plus curieux dans cette histoire, c'est que «Le roi du monde» est le titre d’un livre de… René Guénon!
Pas si bête ni jaloux, Desjardins. Mais il s'arrête à mi-chemin, au lieu de questionner les codes narratifs d'Avatar (et de tellement d'autres films sous testostérone) hérités des mythes antiques. Bons, méchants, violence justifiée, soulagement de la victoire du faible (forcément bon) sur le fort (toujours oppresseur)... rien de nouveau. Alors qu'une autre histoire, tellement plus belle, aurait pu décrire les efforts des Na'vis pour partager leur minerai, éduquer les humains à leurs valeurs, éviter le conflit et progresser ensemble. Mais non, ce dont notre époque a tellement besoin (un imaginaire positif) on ne va pas dépenser un dollar pour le lui donner. Ce qui marche, c'est le carnage, rien d'autre. Pas étonnant que nous continuions à justifier de tels comportements dans la vraie vie, en 3D aussi.
Rédigé par : Lorenjy.wordpress.com | lundi 01 fév 2010 à 14h59
Désolée, mais je ne suis pas d'accord avec votre lecture. Et je ne pense pas du tout qu'"Avatar" soit un film sous testostérone. Mais je le répète, l'interprétation de ce film est liée à notre univers mental, à notre vision du monde. Et c'est peut-être là que réside le plus grand mérite de J. Cameron.
Rédigé par : Nathalie Chassériau | mercredi 03 fév 2010 à 13h50