On disait autrefois que le temps passait toujours plus vite au fur et à mesure que les gens vieillissaient. Ce n’est plus vrai aujourd’hui, c’est même le contraire qui se produit : les seuls à avoir le problème de comment "tuer le temps" sont les plus âgés, qui s'y emploient avec courage et détermination à coup de sudoku, télévision et mots croisés. Les actifs de tous âges n'auraient certes pas l'idée de devoir tuer une denrée si précieuse, qui leur manque de façon chronique et leur file entre les doigts sans qu’ils puissent rien faire pour la maîtriser un tant (un temps?) soit peu.
Sans que nous nous en soyions rendu compte, notre rapport au temps a muté. Le temps -ou plutôt le manque de temps- est devenu une obsession collective qui nous affecte tous, de façon chronique… Ce phénomène d’accélération, qui fut prédit dans les anciens textes hindous des Linga Purana, cités par Alain Daniélou dans un de ses livres, serait lié à l’évolution de la vie sur la planète. Michael Crichton en donne un résumé très convaincant dans son roman «La proie» (voir ma note du 15 mars 2007). À l'en croire, il serait impossible d’éviter l’accélération car elle fait partie intégrante du système. Et de fait, les nouveaux moyens de communication -et en tout premier lieu l’internet- principaux responsables de cette mutation, font indiscutablement partie intégrante du système. Dans tous les domaines, la vitesse fait la loi. L’effacement simultané de la durée et de la distance accomplit la moins contestable et la plus inéluctable des révolutions, et personne ne peut s’y soustraire.
«J'observe une dégradation de notre rapport au temps. En écrivant ce livre, j'ai simplement voulu attirer l'attention sur notre syndrome collectif de soumission à la vitesse, et sur son corollaire, le « court-termisme » généralisé» dit l’auteur, qui décrit le phénomène avec une métaphore fort efficace : «Nous sommes aujourd'hui les passagers d'une voiture dont la portée des phares diminue en proportion de son accélération».
Plus on va vite et moins on voit loin. Il y a effectivement de quoi avoir peur…
N.B. Voir à ce sujet le "Blog de Gabale"
Mais non, pas de quoi avoir peur, Servan-Schreiber raconte n'importe quoi. Des bouquins sur la lenteur/vitesse, il en sort tous les ans. "La faute à internet, avant c'était mieux..." Pfff un essai raté de plus.
Rédigé par : oim | mercredi 12 mai 2010 à 23h46
D'ailleurs, pour un type qui critique internet, il a ouvert un site et un facebook pour la promo du bouquin... Vu son profil (qui n'est qu'une liste de ses passages dans les médias + une centaine de pèlerins "amis") on peut pas dire qu'il ne soit pas allé "trop vite" pour la promo...
Un comique ce jean louis.
Rédigé par : oim | mercredi 12 mai 2010 à 23h57
Je n'ai pas lu le livre, mais le sujet m'intéresse, ce qui est logique vu que mon blog s'appelle "Vive la lenteur".
Rédigé par : Nathalie Chassériau | jeudi 13 mai 2010 à 16h17
Je lirai ce livre ....
TROP VITE
Oui, tu as raison, Nathalie, plus on va vite et moins on va loin....J'ajoute et moins on vit....., tout simplement parce qu'on ne prend plus le temps d'aimer, de voir l'autre les yeux dans les yeux, de l'écouter, de le sentir - que ce soit un collègue de travail, une vieille tante, un ami, un compagnon. L'amour d'une vie. Le temps qui court trop vite manque d'amour - et cela me chagrine très fort.
Je viens de terminer la lecture d'un très beau roman : ADELINE EN PERIGORD de Christian SIGNOL. Il y raconte, avec beaucoup de coeur, la vie d'une grand-mère au grand coeur. Dans le cadre de ce partage autour du livre "TROP VITE", j'épingle une phrase : en fin de vie, (Adeline est morte en 1975), Adeline disait : "nous n'avons jamais eu de voiture LE TEMPS PASSE BIEN ASSEZ VITE TOUT SEUL. Et comment parler aux gens quand on ne peut pas s'arrêter devant eux?...."
Merci Nathalie d'avoir attiré mon attention sur le dernier livre de Servan Schreiber, auteur que j'apprécie beaucoup.
Rédigé par : [email protected] | dimanche 16 mai 2010 à 17h52