vive la lenteur

Parole de sage

«Si nous sommes destinés à des plaisirs intenses, nous devons aussi être sujets à d'intenses douleurs… Nous ne pouvons pas être plus sensible au plaisir sans être plus sensible à la douleur» Alan Watts

Parole de sage

«C'est à l'intelligence d'achever l'oeuvre de l'intuition» Romain Rolland

Parole de sage

«Si un problème peut-être résolu, le comprendre et savoir quoi faire sont la même chose» Alan Watts

Parole de sage

«Jouer petit ne rend pas service au monde. Il n’y a rien de sage à vous rétrécir pour que les autres ne se sentent pas en danger à cause de vous»
Guy Corneau

Parole de sage

«Les hommes montrent leur vrai caractère dans les petites choses, c’est-à-dire quand ils ne se contrôlent pas» Arthur Schopenhauer

Une gaffe n'est jamais anodine

«Tout acte manqué est un discours réussi… voire joliment tourné»

Jacques Lacan

Le futur premier ministre belge, Yves Leterme, n’a peut-être pas vraiment envie d’accéder à cette haute fonction. Sa gaffe de lundi soir ressemble à s’y méprendre à un acte manqué, un désir inconscient d’échapper à sa nomination: à la demande d’un journaliste qui voulait lui faire chanter en public La Brabançonne*, l’hymne national belge*, il a entonné… la Marseillaise!
"Je reconnais (...) que c'est une erreur, une faute, mais ce n'était pas voulu, et je regrette les conclusions que certains ont voulu en tirer", a avoué le leader flamand.

Beaucoup reprochent à Mr Leterme d'être plus attaché à sa région, la Flandre de l'Ouest, qu'à la Belgique. Il avait déjà dit l'été dernier dans le quotidien Libération, que ses concitoyens francophones n’étaient "apparemment pas en état intellectuel" d'apprendre le néerlandais…
Ne pouvant chanter la Brabançonne en flamand, son inconscient l'a empêché de la chanter en français, comme le font les Wallons. Et c’est la Marseillaise qui lui est tout naturellement sortie de la bouche…

Tics de langage et vilaines fautes de grammaire

Les Français -vous, moi, tout le monde- sont les champions toutes catégories des petites expressions parfaitement inutiles et répétées à tout bout de champ, le plus souvent involontairement. Tout comme l’argot, elles varient selon les époques; mais contrairement à ce dernier, elles n’ont aucun charme ni la moindre pertinence. Après les «tout à fait» et les «absolument» qui pendant des années ont ponctué pratiquement toutes nos réponses ou nos affirmations, nous vivons maintenant l’ère des:

«C’EST VRAI QUE…»
À quoi sert ce début de phrase? À rien, sinon à communiquer que, peut-être, on n’est pas tout à fait sûr que ce qu’on l’on dit soit bien vrai.

«EN FAIT…»
Autre tic, d’autant plus agaçant que chez certaines personnes il devient presque systématique, dès qu'elles doivent communiquer quoi que ce soit. Pendant une soirée ennuyeuse, on peut s’amuser à les comptabiliser (ça fait passer le temps).

Parole de sage

«Il faut bénéficier d'une révélation particulière pour ressentir l'habituel, le normal, comme étrange, insolite et hautement improbable» Alan Watts

Parole de sage

«On n'a pas tort de dire que la femme est la moitié de l'homme. Car un homme marié n'est plus qu'une moitié d'homme» Romain Rolland

Un homme qu'on appelait Bouddha

Le Nouvel Observateur de cette semaine a choisi d’offrir sa couverture au Bouddha et de lui consacrer un dossier. Il s’agit d’une enquête sur l’homme plus que sur sa doctrine, sur la personnalité de Siddharta Gautama devenu le Bouddha, c’est-à-dire l’Éveillé.
Un Éveillé, c’est quelqu’un qui ne dort plus (La Palisse n’aurait pas dit mieux). C’est aussi quelqu’un qui y voit clair. Ce genre de personnage ne court pas les rues, car la condition ordinaire de l’humanité est un état de léthargie mentale et d’aveuglement chroniques. Le Chemin qui mène de l’endormissement à l’Éveil est l’objet même du bouddhisme, présenté par le Bouddha dans son premier grand sermon, celui des Quatre Vérités.

Jamais autant qu’aujourd’hui le monde n’a eu besoin du bouddhisme, qui peut être vu comme une religion, une philosophie et aussi une méthode thérapeutique basée sur la pratique de la méditation. C’est pourquoi j’ai écrit un livre destiné à tous ceux que le sujet intéresse mais qui ne savent pas forcément par où commencer. Ils y trouveront, présentés de façon très simple, les aspects principaux de la doctrine, les techniques de méditation, et la façon dont les préceptes du Bouddha peuvent être appliqués dans notre quotidien.

"Projection psychologique": explication de Martin Winckler

«Tout ce qui est inconscient est projeté» Carl-Gustav Jung

Nous passons bonne partie de notre temp à projeter sur les autres -c’est-à-dire à leur attribuer- ce qui en réalité nous appartient et dont nous ne voulons (ou ne pouvons) pas prendre conscience. J’ai découvert aujourd’hui, dans le site personnel de Martin Winckler, une remarquable analyse du phénomène de la projection, que je reproduis dans son intégralité.

QU'EST-CE QU'UNE PROJECTION PSYCHOLOGIQUE?
De Martin Winckler «Odyssée» France Inter 2003 (article mis en ligne le 9 février 2005)
Le mot «projection», quand on le dit isolément, fait penser à une séance de cinéma: on s’assoit dans la salle, la lumière s’éteint, le rideau s’ouvre, un pinceau de lumière va baigner l’écran et le film commence. Eh bien, la projection psychologique, c’est la même chose, avec quelques petites variantes: la salle obscure, c’est notre cerveau, la toile blanche de l’écran, c’est une personne qui nous fait face; et le film, ce sont les images que nous avons dans notre inconscient.

On «projette» sur quelqu’un quand on lui attribue des qualités, des défauts, des intentions qu’il n’a pas en réalité. C’est un phénomène banal, presque quotidien: votre chef de service fait la gueule ce matin au moment où vous arrivez. Vous attribuez cette grise mine au fait d’avoir quitté le bureau hier avec une demi-heure d’avance, et vous l’entendez mentalement penser: «Tu vas voir, mon vieux, je t’aurai». Ou encore, votre fille rentre du lycée en pleurant et se précipite dans sa chambre en claquant les portes ; vous vous dites qu’elle a raté le devoir de maths (ou de français) qu’elle devait faire en classe ce matin et qui vous turlupinait depuis plusieurs jours car vous aussi vous étiez nul en maths et en français à son âge.

Parole de sage

«L’esprit est toujours immobile lorsque quelque chose l’intéresse vraiment, lorsqu’il a le désir et l’intention de comprendre. La difficulté chez la plupart d’entre nous est que nous n’avons pas l’intention de comprendre, parce que nous avons peur que notre compréhension n’introduise une action révolutionnaire dans notre vie» Krishnamurti

Vélib à Paris: le début d'une révolution ?

Convaincre les citadins à renoncer à la voiture pour leurs déplacements en ville et opter pour les transports en commun ou pour la bicyclette: voilà le défi que la Ville de Paris à décidé de relever. À partir d’aujourd’hui, les Parisiens peuvent louer un vélo comme ils le veulent et quand ils le veulent. Plus de 10.000 vélos (20.000 dès la fin de l’année) accrochés à 750 stations réparties dans la capitale seront à leur service. Ce système de location en libre-service fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

L’initiative Vélib de Bertrand Delanoe suffira-t-elle à faire changer les mentalités et les habitudes quotidiennes des Parisiens? À faire entrer dans les esprits que, pour se déplacer en ville, le vélo est préférable à la voiture? Il faudra d’abord que les gens comprennent le mécanisme de l’abonnement et le fait que ce service n’est intéressant que pour les utilisations sur courtes distances. Il ne s'agit pas d'un service classique de location: le principe du vélo en libre-service est d'encourager la pratique de la bicyclette et de favoriser la rotation des vélos disponibles.
En prenant une carte Vélib’ d’un an à 29 euros-ou d’une semaine (5 €) ou même d’un jour (1 €) - vous pourrez effectuer, pour la durée de votre abonnement, tous les trajets que vous voulez. À condition qu’ils ne dépassent pas la demi-heure, qui est «gratuite», c’est-à-dire comprise dans l’abonnement. La demi-heure suivante vous coûtera 1 euro, après quoi vous serez débité de 4 € par demi-heure.
Vélib s’adresse donc en premier lieu aux personnes qui n’ont pas l’habitude de circuler en ville en vélo et pourront tester son utilité sur de petits trajets. Ceux qui veulent disposer d’un vélo pour la journée -ou la demi-journée- comprendront qu’ils ont tout intérêt à en acheter un. Prendre un vélo pour la journée serait en effet ruineux (57 € pour huit heures, si mes calculs sont bons). À moins de vous arrêter à une borne Vélib toutes les demi-heures et changer de véhicule, ce qui est tout de même un peu contraignant.

Parole de sage

«Par-dessus toutes choses évitez l’étourderie. L’étourderie est l’ennemie de toutes les vertus»
Alexandra David Neel «Le Bouddhisme du Bouddha»

Le pape serait-il un fan de Brassens ?

«Il ne savent pas ce qu'ils perdent, tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin la messe nous emmerde.
… Le rite qui nous envoûte s'avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin et les fidèles s'en foutent»*

APRÈS 40 ANS, LA MESSE EN LATIN FAIT SON COME-BACK
La nouvelle a été accueillie par les catholiques traditionalistes et par beaucoup d'évêques et de prêtres comme une véritable bénédiction: par le motu proprio «Summorum pontificum» publié samedi 7 juillet, Benoît XVI libéralise l'usage du Missel dit de Saint Pie V. Après 40 ans de messes dites dans les langues nationales, chaque prêtre sera désormais libre de dire la messe en latin, le dos tourné aux fidèles, comme c’était l’usage avant le Concile Vatican II. Le pape a voulu cette réforme pour «parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Église», a-t-il écrit dans sa lettre aux évêques, où il évoque entre autres les jeunes qui se sentent attirés par l’ancienne liturgie, y trouvant «une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convient».

C’est Tonton Georges qui va être content! Lui qui avait si vertement stigmatisé la banalisation du rite dans sa chanson «Tempête dans un bénitier» dont voici un autre passage :
«Le vin du sacré calice se change en eau de boudin
Sans le latin, sans le latin et ses vertus faiblissent»

La messe n'est pas un sujet qui me concerne en quoi que ce soit, mais cette nouvelle m'a remplie d'aise. Mon idée, c’est que Georges Brassens a dû apparaître en rêve au pape, lui suggérant que s'il voulait remplir un peu ses lieux de culte, il serait grand temps de revenir à la bonne vieille messe: son latin, son encens, ses enfants de chœur avec leurs goupillons, bref son esthétique et son mystère, sans lesquels un rite n'est pas un rite.

*Georges Brassens, «Tempête dans un bénitier»

Découvrir le Yi King, apprendre à s’en servir

Dans un monde en pleine mutation où la rapidité des changements fait venir le tournis, garder son équilibre et reconnaître du premier coup d’œil le bon, le moins bon et le carrément nul, ce qu’il faut prendre et ce qu’il convient de laisser, peut parfois apparaître comme mission impossible. L’informatique -et en particulier l’internet- nous ouvre des horizons dont bien peu d’entre nous auraient pu rêver il y a seulement dix ans. Mais c’est justement cette profusion d’informations, cette pléthore de possibilités qui peuvent causer problème.
Dans cette ère étrange de transition entre deux civilisations -l'ancienne, que nous connaisssons, et la nouvelle, aux contours encore flous- le discernement est destiné à devenir LA qualité-clé pour rester à flot et maintenir une main ferme sur son gouvernail personnel. Mais pour faire les bons choix en conscience au lieu de se jeter aveuglément sur toutes les nouveautés, encore faut-il disposer de repères fiables. Avant de se mettre entre les mains d’un coach, ou espérer trouver des solutions durables dans des cours, séminaires ou thérapies de trois, cinq ou dix jours, il existe une possibilité nettement moins onéreuse mais beaucoup plus sérieuse et beaucoup plus fiable: le Yi King.

Yi King -ou Yi Jing- signifie en chinois Livre des changements (ou des mutations, selon les traductions). Pourrait-on trouver un nom plus approprié à notre problème actuel, celui de s’adapter aux changements le plus efficacement et intelligemment possible? Le Yi King est un livre différent de tous les autres: un livre qui nous arrive du fond des âges pour répondre aux questions qu’on lui pose, ou plutôt: un livre qui nous aide à répondre aux questions que nous nous posons.
Si vous allez sur psychologies.com, vous pouvez découvrir immédiatement la façon dont le Yi King fonctionne et ce qu'est un hexagramme (voir figures ci-dessus). Et si vous désirez des réponses plus perso à vos questions, cliquez ici ou dans la colonne de droite ("Yi King- Vos tirages personnalisés").

Parole de sage

«Bien des malheurs viennent de ce que l’homme cherche la Femme dans toutes les femmes et que la femme cherche à retrouver tous les hommes en un seul homme»
Dr. Roland Cahen, traducteur de C-G Jung

Le Yi King sur Psychologies.com !

Quelques esprits chagrins penseront que j’insiste un peu trop, mais je tiens à ce que mes visiteurs sachent qu’une toute nouvelle rubrique Yi King vient d’être lancée sur le site Psychologies.com.

Nous n’en sommes qu’au début: comme le dit Laurence Ravier, rédactrice-en-chef de Psychologies.com, on n’en est qu’au premier étage de la fusée. Pendant cette première phase -juste après le décollage- les internautes devront se contenter d’une brève réponse à leurs questions.
Mais cette page est destinée à évoluer: si vous patientez un peu, vous verrez qu’avec le temps les réponses s’étofferont et que la page Yi King de Psychologies prendra de l’ampleur. Une suggestion à ceux que le sujet intéresse : allez sur Psychologies.com et faites votre tirage. Si vous voulez en savoir plus, consultez mon livre Prendre les bonnes décisions avec le Yi King pour «entrer» vraiment dans le sujet. Au fil du temps, vous pourrez surfer du livre à Psychologies.com et vice versa, comparer les réponses et vous livrer à toute sortes de comparaisons et de spéculations.

Parole de sage

"Tel est le défi qu’il nous faut relever : travailler, selon notre intelligence, à ce que nous ne pouvons pas encore imaginer –tout en sachant que c’est de notre imagination que sortira le moment venu la réalité nouvelle» Jean-François Billeter («Chine trois fois muette»)

Poisson ou bateau? À vous de voir...

«Chacun voit midi à sa porte», chacun interprète la réalité avec ses propres filtres. En face du même objet ou de la même situation, nous voyons tous quelque chose de différent: c’est ce que ce dessin de Max Escher* illustre, en le simplifiant, vu qu’il n’y a que deux visions possibles: le bateau ou le poisson. Peut-être trois en fait, car certains pourraient voir des vagues en lieu et place des nageoires du poisson.
Mais au-delà de la vision immédiate, les interprétations sont multiples: est-ce un poisson gigantesque en train de dévorer le bateau, ou le bateau d'un pêcheur qui ne pense qu'à une chose: prendre le plus gros poisson de sa vie? À moins que la tempête ne fasse chavirer le bateau, auquel cas le pêcheur risquerait là aussi d'être mangé par de voraces poissons... Et à propos, où est-il passé? Le pêcheur s'est-il noyé, ou a-t-il déjà été dévoré? Si vous vous amusez à montrer ce dessin à dix personnes et leur demandez ce qu'elles voient et ce qu'elles déduisent de ce qu'elles voient, vous aurez probablement dix interprétations différentes.

Profitez des vacances pour découvrir le Yi King

Vous arrive-t-il d’avoir des doutes sur la bonne conduite à adopter? De ne pas y voir très clair dans une situation? D’hésiter entre une ligne d’action et une autre? Dans ce genre de circonstances il existe un livre qui peut vous aider à trouver les bonnes réponses à vos questions en vous suggérant, comme le ferait un grand Sage, la meilleure façon d’appréhender vos problèmes. Ce livre qui ne ressemble à aucun autre nous vient de la Chine Ancienne: il s’appelle Yi King (ou Yi Jing), ce qui signifie Livre des Changements. Si ses origines remontent à plus de 3.000 ans, son indiscutable efficacité lui a permis de traverser les siècles et d’arriver jusqu’à nous, pour nous aider à mieux conduire nos vies et affronter les aléas et les changements de nos vies personnelles et professionnelles. Son seul défaut est d’être assez complexe: c’est pourquoi j’ai écrit une version du Yi King destinée aux débutants: «Prendre les bonnes décisions avec le Yi King»*.

LE GRAND LIVRE DU YIN ET DU YANG
Le Yi King nous apprend à moduler notre action en fonction des conditions extérieures, comme un surfeur sur sa planche, ou un pagayeur dans son kayak. Il nous fournit une sorte de «diagnostic» des énergies en présence au moment de notre question et nous renseigne sur le rapport de force entre les énergies Yin et les énergies Yang, en nous et à l’extérieur de nous.

Le Yi King que nous connaissons aujourd’hui est composé de 64 chapitres correspondant chacun à un hexagramme (voir photo à gauche), c’est-à-dire une figure de six traits -coupés ou continus- dont la combinaison varie. Chaque hexagramme représente un conseil d’attitude dans une situation donnée.
Pour vous en faire une idée séance tenante, vous pouvez aller sur le site du magazine Psychologies et découvrir la toute nouvelle rubrique consacrée au Yi King, qui s'inspire de mon livre.

Les photos de cette note ne sont pas là pour vous inciter à consulter le Yi King sur la plage: il s’agit d’une démarche qui demande de s’isoler et de se concentrer un maximum. Mais vous pouvez par contre emporter mon livre avec vous pour découvrir de quoi il retourne et vous familiariser avec la technique de tirage.

Bonnes vacances, et bon Yi King!

*Hachette Pratique 2004

Parole de sage

«Avant de penser à ce que nous attendons de la vie, mieux vaudrait penser à ce que la vie attend de nous» Steve et Ondrea Levine

Persépolis : un petit bijou à ne pas manquer

Elle s’appelle Marjane Satrapi, ce qui est déjà tout un programme vu qu’elle est iranienne*. Elle est l’auteur de Persépolis, une BD autobiographique en quatre tomes que le quotidien Libération avait eu le grand mérite de faire découvrir aux Français, sous forme de feuilleton quotidien, avant même que Marjane n’ait trouvé un éditeur. Persépolis a ensuite été traduit en vingt langues et vendu à un million et demi d’exemplaires.

C’est aujourd’hui un film, réalisé par Marjane Satrapi avec Vincent Paronnaud. Il a reçu le Prix du jury au dernier festival de Cannes. C’est un vrai bonheur de constater qu’il est encore possible de devenir célèbre (et riche) grâce au seul pouvoir de l’intelligence, de la sensibilité, du talent… et de la souffrance. Car s’il s’agit d’un dessin animé, ne vous attendez pas à de la guimauve. Persépolis est une œuvre à la fois drôle et dramatique, où l’on rit et où l’on pleure, une œuvre qui se nourrit des vicissitudes endurées par son auteure, déracinée toute jeune de son Iran natal où la vie était devenue impossible (à plus forte raison pour les femmes), et confrontée à une Europe qui –c’est le moins qu’on puisse dire- ne lui a pas fait de cadeau.
Superbement dessiné dans un style très personnel, à la fois moderne et classique -et probablement destiné à trouver sa place parmi les grands classiques du dessin animé- Persépolis est à la fois:
-Une occasion pour repasser un pan d’histoire récente : la chute du shah d’Iran, les brèves illusions de démocratie suivies d’une répression difficilement imaginable pour nous autres Occidentaux nés dans l’après-guerre.
-Une histoire dramatique irradiée par l’humour et la tendresse.
-Un signal d’alarme sur la facilité avec laquelle les masses se soumettent à un pouvoir inique.
… Et beaucoup d’autres choses encore, que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes.

*Les satrapes étaient les gouverneurs des satrapies dans l’ancienne Perse (l’Iran actuel), des despotes qui menaient une vie fastueuse et n’hésitaient pas à couper les têtes.

Hokusai s'invite au Cap-Ferrat

Dimanche, dans la rade de Villefranche, la mer s’est mise à bouger -à l’improviste, comme cela arrive souvent- et je me suis mise à photographier les vagues. En regardant plus tard les photos sur mon écran d’ordinateur, j’ai pensé à Hokusai, auteur de la célébrissime «Grande vague». Le grand, l’immense peintre japonais du XIX° siècle -précurseur, sinon inventeur, de la ligne claire et certainement inspirateur de Hergé- avait bien observé les vagues, cette façon qu’elles ont de se déchiqueter, de se denteler avant de se pulvériser en milliers d'infimes gouttelettes. Mais Hokusai ne disposait pas d’appareil photo, et encore moins d’écran d’ordinateur. On peut se demander comment, à l’œil nu, il avait pu visualiser ce déchiquetage. Peut-être regardait-il les vagues avec des jumelles (qui, elles, existaient depuis belle lurette)…

Lui-est-il jamais arrivé de penser que chaque homme peut être comparé à une goutte minuscule d'un seul océan? C’est probable, car cette métaphore est amplement utilisée par le bouddhisme (et l’hindouisme avant lui) et Hokusai était, dit-on, adepte du bouddhisme Nichiren. Chaque petite goutte sort un instant de la masse informe et illimitée de l’océan, vit sa très courte vie de goutte, puis retourne d’où elle est venue. Chaque petite goutte a sa propre forme, sa propre trajectoire, distincte de toutes les autres. L’immense majorité d’entre elles apparaît et disparaît sans que personne n’en ait pris concience. Sauf lorqu'un artiste -ou une photographe du dimanche perchée sur son rocher- décident de les immortaliser.

Des journalistes qui pensent par eux-mêmes, ça existe encore

Comme on pouvait le prévoir, Paris Hilton est sortie de prison bien avant le terme, mais tout le monde ne considère pas que la demoiselle mérite qu’on en parle. Le Monde.fr d'aujourd'hui relate que Mika Brzezinski, journaliste de la chaîne câblée américaine MSNBC, a refusé d'ouvrir son journal avec cette nouvelle, dans l'émission "Morning Joe", mardi 26 juin. Pour bien faire comprendre son opposition aux téléspectateurs –et à ses supérieurs hiérarchiques-, la présentatrice a tenté de brûler son script en direct, à l'antenne, avant de le déchirer.

"Je ne vois pas l'intérêt de parler de cette histoire, et surtout pas en ouverture du journal!", s'est-elle exclamée, préférant donner la priorité à d'autres informations, comme la situation en Irak ou la politique intérieure américaine. Le responsable du journal télévisé voulait maintenir l'ordre de passage défini avant le direct et l'atmosphère sur le plateau est devenue de plus en plus tendue. Mika Brzezinski n'aura pas eu le dernier mot : le reportage sur Paris Hilton aura tout de même été diffusé dans l'émission matinale. Mais depuis une semaine elle continue à recevoir des messages de soutien. La vidéo de sa rébellion, qui circule sur le site de partage de vidéos YouTube, a été reprise dans de nombreux blogs à travers le monde et vue plus de 1,5 million de fois. Les 4.000 commentaires d'internautes sur l'extrait vidéo sont quasi unanimes : "fantastique !", "merci Mika !" ou encore "bien joué !".
Quelques jours après, la journaliste a expliqué son énervement dans une vidéo diffusée sur le site de la chaîne MSNBC : "Je n'ai rien contre Paris Hilton" mais "je me serais sentie trop stupide si j’avais commencé mon émission avec elle!".

La nullité commencerait-elle à marquer le pas? Les petites anecdotes de ce genre méritent d'être racontées car on sait que les petits ruisseaux font les grandes rivières. De rafraîchissants petits ruisseaux qui nous montrent qu'il y a encore des gens capables de réagir à la décérébration ambiante. Même aux États-Unis.

Ce que nous voyons n'est pas la réalité

«Ce n’est pas l’apparence qui est trompeuse, c’est sur l’apparence que l’on se trompe» Valentin Feldman

Vous connaissez probablement les deux dessins ci-dessus, tirés du «Petit prince» de Saint-Exupéry. Ils peuvent servir d'illustration (inversée) à la célèbre métaphore hindoue de la corde et du serpent.
Voilà ce qu’en dit Arnaud Desjardins* :
«Dans la pénombre du crépuscule, marchant dans un champ, je vois un serpent. En, fait, il n’y a pas de serpent, il y a une corde et je l’ai prise pour un serpent. Je crois qu’il y a un serpent, je suis convaincu qu’il y a un serpent, je vois un serpent. La corde c’est l’Absolu, le serpent c’est le monde phénoménal, multiple et soumis au temps. Le serpent, c’est ce que mon mental me fait croire. Le mental a deux fonctionnements. Le premier, c’est de me cacher, de me voiler la réalité de la corde. Et le second c’est de me faire voir un serpent qui n’existe pas. Que penseriez-vous du comportement de l’homme qui a dans son terrain un bout de corde et qui, à cause de cette corde, tremble de peur, se ruine en sérum antivenimeux, éloigne ses enfants pour éviter qu’ils soient piqués, mobilise une quinzaine de personnes pour organiser une battue, achète un fusil dont il n’a aucun besoin sauf pour tuer le serpent, tout cela pour une corde ?
Voilà l’image du comportement humain. Voilà pourquoi on aime, on déteste, on construit, on détruit, on va, on vient, on s’unit, on se sépare, on se bat, on se réconcilie : pour un serpent qui n’existe pas».