«Tout ce qui est inconscient est projeté» Carl-Gustav Jung
Nous passons bonne partie de notre temp à projeter sur les autres -c’est-à-dire à leur attribuer- ce qui en réalité nous appartient et dont nous ne voulons (ou ne pouvons) pas prendre conscience. J’ai découvert aujourd’hui, dans le site personnel de Martin Winckler, une remarquable analyse du phénomène de la projection, que je reproduis dans son intégralité.
QU'EST-CE QU'UNE PROJECTION PSYCHOLOGIQUE?
De Martin Winckler «Odyssée» France Inter 2003 (article mis en ligne le 9 février 2005)
Le mot «projection», quand on le dit isolément, fait penser à une séance de cinéma: on s’assoit dans la salle, la lumière s’éteint, le rideau s’ouvre, un pinceau de lumière va baigner l’écran et le film commence. Eh bien, la projection psychologique, c’est la même chose, avec quelques petites variantes: la salle obscure, c’est notre cerveau, la toile blanche de l’écran, c’est une personne qui nous fait face; et le film, ce sont les images que nous avons dans notre inconscient.
On «projette» sur quelqu’un quand on lui attribue des qualités, des défauts, des intentions qu’il n’a pas en réalité. C’est un phénomène banal, presque quotidien: votre chef de service fait la gueule ce matin au moment où vous arrivez. Vous attribuez cette grise mine au fait d’avoir quitté le bureau hier avec une demi-heure d’avance, et vous l’entendez mentalement penser: «Tu vas voir, mon vieux, je t’aurai». Ou encore, votre fille rentre du lycée en pleurant et se précipite dans sa chambre en claquant les portes ; vous vous dites qu’elle a raté le devoir de maths (ou de français) qu’elle devait faire en classe ce matin et qui vous turlupinait depuis plusieurs jours car vous aussi vous étiez nul en maths et en français à son âge.