vive la lenteur

Il est nécessaire qu'il arrive des scandales...

« … Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales. Mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive! » Matthieu 18,7

La citation ci-dessus s’applique très bien à la crise sans précédents que traverse notre pays, dont tout le monde s’inquiète -à commencer par la droite- et dont personne ne sait comment elle va bien pouvoir finir. Mais il conviendrait d’invertir l’ordre des propositions : « Malheur à l'homme par qui le scandale arrive… mais il est nécessaire qu’il arrive des scandales ». Car le seul, le vrai scandale, c’est que 53% des électeurs aient pu voter pour le personnage qui occupe actuellement le fauteuil de Président. Les Français avaient probablement besoin d’un électrochoc de cette importance pour se ressaisir, commencer à réfléchir sur la signification du vote en démocratie, sortir de la léthargie où les ont plongés leurs téléphones portables, leur iPods et leurs jeux vidéos et peut-être -soyons fous- réapprendre à utiliser leur cerveau.

Nous savions tous à quoi nous en tenir sur Nicolas Sarkozy. Ce n’était pas un inconnu, nous l’avions déjà abondamment fréquenté : au Budget, à l’Intérieur, à l’Économie.... Un ministre de l’Intérieur digne de ce nom ne pose en bras de chemises sous les ors de la place Beauvau car il connaît la signification symbolique des charges, et des lieux; il n’insulte pas les habitants du 93 en menaçant de nettoyer la racaille au kärcher, il n’élargit pas de façon éhontée les pouvoirs de la police en imposant le fichage ADN à toute personne soupçonnée d'un quelconque délit sans que les preuves de culpabilité ne soient obligatoirement établies. Un candidat à la Présidence digne de ce nom ne va pas ratisser ses électeurs dans les fiefs du Front National…. Et l’on pourrait continuer pendant plusieurs pages.

En dehors de ses actions et de la teneur de ses discours, il aurait suffi de l’observer lors des ses interventions, de regarder sa gestuelle, ses expressions faciales, d’écouter ce qu’il disait et la façon dont il le disait : un candidat à la Présidence de la République doit être capable d'oublier son ego au profit du pays qu'il entend diriger, maîtriser le vocabulaire et la grammaire et parler un français impeccable, parce qu’il devrait être le premier à savoir qu’il doit donner l’exemple.

Ceux qui ont voté pour Nicolas Sarkozy ne doivent pas s’en prendre à lui mais seulement à eux-mêmes : on ne les a pas trompés sur la marchandise, l’homme est resté tel qu’en lui-même, sa personnalité narcissique -qu’il ne faut pas craindre de définir pathologique- n’était un secret pour personne.

Les Français doivent se réveiller et il était nécessaire que le scandale arrive.

Enfouir, pour la postérité

Les semences de 4,5 millions d'espèces végétales ont été stockées dans un gigantesque bunker réfrigéré dans l’archipel des Spitzberg, en Norvège. Le Svalbard Global Seed Vault, inauguré mardi 26 février, a pour but de préserver notre patrimoine végétal en cas de catastrophe majeure. Il devrait être en mesure de résister à une attaque nucléaire, à la fonte des glaces du Groenland ou à une panne totale d’électricité. Il est intéressant de noter que cette dernière hypothèse –le risque d’une panne électrique au niveau planétaire- revient de plus en plus souvent dans la presse. Va-t-il falloir commencer à envisager que l’ère électrique pourrait finir ? L’exercice est intéressant, et assez terrifiant. Il avait d’ailleurs été tenté en 1943 par l’écrivain René Barjavel dans « Ravage », un des premiers romans de science-fiction française. Barjavel n’avait pas pris en compte les ordinateurs et donc les conséquences d’une panne informatique généralisée, mais avait très bien vu à quelle rapidité l’espèce humaine pourrait perdre… son humanité si l’électricité venait à manquer.

Geler le temps en arrêtant tout mouvement

Dans le jargon des jeunes américains, le terme "flash mob" désigne une "mobilisation éclair". Généralement organisées par le biais du net, ces mobilisations rassemblent un groupe d'inconnus, à une heure précise, dans un lieu public et dans un but précis, avant de se disperser rapidement. La semaine dernière, le collectif new-yorkais Improv Everywhere a réalisé un exploit en immobilisant plus de 200 personnes pendant plusieurs minutes dans le hall de la gare Grand Central. Cette vision d'un monde coupé du temps a provoqué la stupéfaction des passants: cliquez sur "Grand Central" et vous verrez une vidéo très réjouissante.

Minuit moins cinq ?

Serions-nous à la fin de la civilisation telle que nous le connaissons? Serait-il "minuit moins cinq"? C’est ce que semblent croire les adeptes du New Age, qui s’appuient sur l'ancien calendrier Maya selon lequel nous atteindrons à la fin de 2012 la fin d'un cycle qui aura duré 26.000 ans. Commencera ensuite le Changement d'Âge, le temps de la grande Transition vers ce que les Mayas appelaient l'Âge Itza, un âge de Lumière et de Sagesse dans la conscience de la multidimensionnalité. Les mini-bouleversements que nous subissons aujourd'hui (tsunami, ouragan Katrina, incendies en Californie, élection de Sarkozy etc.) ne seraient que les premiers soubresauts liés à cette fin de révolution cosmo-planétaire et toutes les données géo-biologiques risquent de s'en trouver profondément affectées. Certains évoquent une gigantesque et définitive panne thermoélectrique, qui renverrait aux charrettes de leurs ancêtres et aux signaux de fumée les rares chanceux qui réussiront à s’en tirer.

Ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est que les scientifiques sembleraient confirmer cette hypothèse. Les astrophysiciens solaires du Centre Marshall de la NASA (MSFC) ont annoncé ce 4 janvier 2008 l'apparition du premier groupe de taches solaires présentant une polarité opposée, ce qui indique qu’un nouveau cycle solaire à commencé. Chaque cycle dure en moyenne 11,1 ans ; celui-ci, appelé «cycle 24» est en retard, ce qui pourrait en renforcer les effets. Cette nouvelle période solaire va évoluer avec une recrudescence de taches et de tempêtes solaires qui connaîtront un maximum d’ici 2011 ou 2012 et pourraient affecter sensiblement la planète Terre. Selon les physiciens cités par le Nouvel Observateur*, « on peut par exemple redouter des pannes gigantesques du réseau électrique ou de téléphonie mobile. Des détraquages du système GPS. Des bugs à foison dans les ordinateurs… ou les iPods. Ils semble en outre que les militaires soient très inquiets, car les particules solaires pourraient perturber leurs satellites et surtout dévier les trajectoires de leurs missiles ».

Journal de 20 heures

«Bonne nouvelle pour l’Europe» a déclaré hier l’ineffable David Pujadas au Journal de 20 h., à propos de la réélection du président serbe Boris Tadic, fervent défenseur de l’entrée de son pays dans l’Union européenne. Le principal enjeu de ces élections était en effet le grave dilemme auquel est aujourd’hui confrontée la Serbie, nouvel âne de Buridan: à quelle mangeoire manger? L'Union Européenne ou la Russie?
Bonne nouvelle pour l’Europe? C’est Pujadas qui le dit. On ne saurait trop lui conseiller d’aller voir «Promets-moi», le dernier film d’Emir Kusturica, réalisateur serbe. Il y trouvera d’intéressants sujets de réflexion sur le délabrement moral de la Serbie et la façon dont une certaine classe politique entend se servir des fonds européens. Parce qu'au-delà de l'hystérie et du rhytme déjanté auxquels le bon Emir nous a depuis longtemps habitués, c'est l'état de la Serbie le vrai sujet du film. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est édifiant.

Voteriez-vous pour "Billary"?

Vu sur Newsweek, feb 4 2008

Téléphone

Le véritable souverain de notre époque, ce par quoi on pourra la définir dans les siècles à venir, ce n’est pas l’ordinateur. Ce n’est pas non plus la télévision. C’est le téléphone.

Nous vivons sur le mode haché, dans un monde envahi par les sonneries, ou quiconque est autorisé à faire intrusion à tout moment dans nos vies. Personne n’est plus jamais totalement chez soi ou «à soi», au sens où l’entendait Montaigne*.

Une sonnerie est par définition envahissante, voire perturbante, parce qu’elle interrompt le cours naturel de nos activités. Nos pensées, nos échanges relationnels, nos sensations et nos perceptions sont soumis à de constantes interruptions, qui modifient forcément notre activité neuronale. Plus que toute autre technologie, c’est le téléphone qui risque de nous rendre fous, car il détruit les deux facultés les plus importantes pour la santé mentale : l’attention et la concentration.

Arithmétique et droit de vote

Selon un sondage USA Today-Gallup*, quatre Américains sur cinq (c’est-à-dire huit sur dix) sont favorables à la rupture avec la politique de Bush.

En 2004, environ 2,6 sur 5 -c’est-à-dire (si mes calculs sont bons) 5,2 sur 10- avaient (re)voté pour lui**.
Doit-on en déduire que presque trois Américains sur dix sont de parfaits imbéciles, incapables de voir plus loin que le bout de leur nez? Et si la réponse est oui, est-il logique de donner le droit de vote à des imbéciles?

Bien évidemment, cette interrogation vaut pour toutes les nations, sur tous les continents.

*le Monde.fr, édition abonnés.
**Résultats des élections de 2004 : 282 voix des grands électeurs contre 256 pour John Kerry. Ré-élection de George-W Bush.

Hillary Clinton, sonneuse de glas du baby-boom?

Les élections présidentielles sont toujours passionnantes, quand elles se passent aux Etats-Unis elles deviennent captivantes. Les candidats à la plus haute charge de l’État représentent bien plus qu’eux-mêmes, Monsieur ou Madame X ou Y, faits de chair et d'os: ils cristallisent sur leurs personnes tous les espoirs -ou les craintes- d'une nation et revêtent, au-delà de leur programme et de leur appartenance politique, toute une série de sens seconds qui influenceront, souvent inconsciemment, les choix des électeurs. C'est la conscience de la portée symbolique de la fonction qui fait les grands chefs d'État, leur permettant de dépasser leur ambition personnelle et leur narcissisme pour se consacrer tout entiers à la mission que leur pays leur a confiée. Les autres ne sont que de vulgaires pantins destinés à finir dans les oubliettes de l'Histoire.

Mais revenons aux élections américaines. Il est probable que Barack Obama manque d’expérience, mais il a du charisme à revendre: sans même sembler le vouloir, il incarne la jeunesse, la santé et le renouveau dont l'Amérique en pleine décadence sent si fortement le besoin. Loin de le desservir, la couleur de sa peau est un de ses grands atouts: Barack personnifie la face positive de l'Occident d'aujourd'hui, multiethnique et ouvert à tous les talents, et représente un mix parfait de deux héros américains, John F. Kennedy et Martin Luther King.
Hillary, bien que théoriquement porteuse de nouveauté (une femme à la présidence des USA), ringardise brutalement une génération -la nôtre- qui continuait à se raconter qu’elle était encore dans le coup, refusant obstinément de céder la place aux plus jeunes. Avec ses cheveux teints, son brushing mèmère et ses rondeurs post-ménopause, elle nous jette à la figure notre côté has been et nous pousse du pied vers la sortie, plus efficacement que nos arthroses cervicales, nos taux de cholestérol à la hausse, nos fontes musculaires ou nos affaissements de la colonne. Hillary est un miroir où se reflètent nos illusions de pérennité, notre arrogance, notre refus de regarder notre réalité en face. Et ni Mick Jagger, ni Johnny... ni Arielle Dombasle n’y changeront quelque chose.

2ème bonne nouvelle de la journée: l'année commence bien!

LE MONDE.FR : Dernière minute
vendredi 4 janvier 2008

LE DAKAR 2008 EST ANNULÉ
Des problèmes de sécurité en Mauritanie empêchent la tenue du rallye qui devait s'élancer, samedi 5 janvier, de Lisbonne, indiquent France Télévisions, un partenaire de l'événement, et "L'Equipe", journal du groupe Amaury, organisateur du Dakar. C'est la première fois que la course est annulée depuis sa création en 1978.

N.C.
Et si on l'annulait tout court?

Barack a la baraka

Le Monde .fr 4 janvier 2008
Le sénateur de l'Illinois Barack Obama, 46 ans, a remporté les caucus démocrates dans l'Iowa, un Etat composé à 95 % de Blancs. Avec 37,6 % des voix, il devance John Edwards (29,75 %) et Hillary Clinton (29,47 %), pour qui cette troisième position constitue un sérieux revers.

Barakadabra... quelque chose me dit que Monsieur Obama est appelé à devenir le président des Etats-Unis*. Ce quelque chose n’a rien à voir avec les sondages ou les analyses des journaux et beaucoup à voir avec l’énergie qu’il dégage. Les Chinois diraient qu’il a un superbe Qi : tout, dans son visage, sa silhouette, sa gestuelle, suggère la santé physique et mentale qui dérivent d’une bonne circulation du Qi, le souffle vital qui vient de l’univers et traverse tous les êtres. De cette bonne circulation le long de nos méridiens dépend notre énergie, notre tonus, notre ouverture aux autres, notre confiance en nous, notre sérénité et notre envie d’entreprendre.

À la source, le Qi est le même pour tous, parfaitement pur et intact, mais il est sujet à se transformer, se souiller, selon les obstacles qu’il rencontre. Tout comme nos villes polluées gâtent le Qi originel, nos névroses et nos blocages amoindrissent notre souffle vital. Un bon Qi se lit dans la brillance du regard, l’élasticité de la démarche, la grâce et l’efficacité du geste, la correspondance entre l’esprit et le corps de l’être qu’il traverse.

Il suffit d’observer cette photo des deux principaux candidats à la candidature démocrate pour se faire une idée de leurs Qi respectifs. Hillary est empâtée, signe que son Qi circule mal. Elle est droite comme un I dans son fauteuil, ce qui suggère un dos tendu. Son cou aussi est tendu. Son sourire un peu forcé montre qu’elle est sur la défensive. Barack, lui, est parfaitement décontracté et à l’aise dans la situation. Bien assis, confortablement appuyé sur son coude droit, il est légèrement penché vers sa rivale, montrant qu’il a de la considération pour elle mais qu’elle ne lui inspire aucune crainte. Il cherche son regard, mais ses yeux à elle l'évitent soigneusement.
Barack est sûr de lui, bien dans ses pompes et dans son époque, Hillary ne l’est pas. Barak incarne la jeunesse et le -vrai- renouveau, Hillary appartient à une ère révolue**. Ça crève les yeux.

*Si ce n'est pas pour cette année, ce sera pour les élections suivantes. Se faire élire président des États-Unis en novembre 2012, voilà qui serait intéressant.
**"La puissance politique des baby-boomers s'est effondrée dans l'Iowa", analyse le New York Times. Rien à dire, il est grand temps que nous cédions la place.

Primaires dans l'Iowa

Il a ri Barack, quand il a vu la baraque d’Hillary? Mais si ce soir Hillary casse la baraque, Barack n'aura plus envie de rire (et personnellement je serai très déçue).

Nos mains mentent rarement

Lorsqu’on regarde la photo de quelqu’un, il est toujours intéressant d’observer ses mains. L’état de détente ou de crispation du sujet y apparaît de façon souvent évidente, alors que l’authenticité d’un sourire est beaucoup plus sujette à caution.
Cette photo, prise pendant le voyage en Égypte de notre actuel président et publiée il y a deux jours par le Corriere della Sera, m’a semblé très parlante. La main gauche de Carla Bruni, aussi raide que faire se peut, suggère tout sauf la sensualité, la spontanéité et l’intimité. Voudrait-on nous faire croire à quelque chose qui n’existe pas?

Utilisateurs de l’internet: vers une guerre idéologique?

Parmi les utilisateurs de l’internet, deux camps antagonistes sont en train de se former. Le premier constitue l’écrasante majorité: il est formé des inconditionnels, qui n’ont ni le temps ni l’intention de s’interroger sur le bien-fondé de l’outil et de l’usage qu’ils en font. Ils sont fascinés, ils s'en servent, ils guettent les nouveautés, point barre.
Le second camp, pathétiquement clairsemé, regroupe tous ceux qui utilisent l’internet sans oublier de s’observer pendant qu’ils l’utilisent, ni de s’interroger sur les effets à moyen terme d’une pratique qui devient si facilement "addictive". Ceux-là savent que l’on peut appliquer la métaphore de la femme fatale au pouvoir qu’exercent les nouvelles technologies sur nous tous : leurs dangers intrinsèques sont proportionnels à leur capacité de séduction.

À ce propos, je viens de recevoir un mail qui reprend des extraits glanés sur le site TechCrunch en français. On s’y moque de l’écrivaine Doris Lessing, qui vient de recevoir le Prix Nobel de littérature et se permet, dans le discours écrit pour cette occasion, de dire ce qu’elle pense de l’internet :
« Nous vivons dans une culture fragmentée où les certitudes que nous avions il y a encore quelques décades sont remises en question et où il est commun de voir de jeunes femmes et de jeunes hommes qui après des années d’études, ne savent rien du monde, n’ont rien lu et dont le savoir se limite à une spécialisation ou l’autre, par exemple l’ordinateur… Comme ce fut le cas avec une autre révolution, l’invention de l’imprimerie... nous ne pensons pas à nous demander : comment nos vies, notre façon de penser, vont-elles changer avec l’internet, qui a déjà séduit une génération entière avec ses inepties, au point que des gens, hier encore raisonnables et sensés, admettent qu’ils sont devenus accros, ont du mal à décrocher et se retrouvent parfois à avoir passé une journée à bloguer ?».

"Oh brave new world…"

Quelle époque intéressante nous vivons ! Après Gorbatchev, l’homme de la Glasnost et de la fin de l’URSS, qui avait beaucoup fait parler de lui en faisant de la pub pour une marque de bagages de luxe avec les restes du Mur de Berlin en toile de fond*, les plus grands réalisateurs vendent leur talent aux marques et nous servent de somptueux films publicitaires, avec générique et signature de l’auteur, à tel point que le spectateur pourrait presque s’y méprendre et croire qu’il s’agit d’un «vrai» film.
Pour l’écran de télévision mural Philips Aurea, Wong Kar Wai célèbre sans états d’âme un des aspects les plus caractéristiques -et les plus délétères- de notre société, le narcissisme, tout comme le fait le réalisateur du (superbe) spot J-P Gaultier pour le parfum «Le mâle». Quant à Martin Scorsese, il appelle à contribution Alfred Hitchcock et réalise un petit chef-d’œuvre pour nous faire acheter des vins pétillants espagnols.
Le plus intéressant dans cette affaire, c’est que tout le monde -à commencer par le journal le Monde- a l’air de trouver cela très bien.
"Oh brave new world..."

*On se demande ce qu’attend notre Président pour faire la pub des montres Rolex.

Comme nous avons changé!

Vu « I’m not there » de Todd Haynes, attachant Biograph de Bob Dylan. Au-delà des indiscutables qualités du film et aussi de ses défauts, une sensation prime sur toutes les autres: comme le monde a changé ! Et comme nous avons changé avec lui ! En moins de 40 ans, la Terre est devenue une autre planète et ses habitants, une autre espèce. Et le pire dans l’histoire, c’est que nous n’avons rien vu venir. Et qu’aujourd’hui, dans cet enfer technologique d’où semble avoir disparu tout idéal, toute notion de solidarité et de désir d’un monde meilleur, dans ce monde où tout est évalué à partir d’un seul critère, l’argent, nous, la génération Dylan, avons besoin d’un film pour sursauter l’espace d’un instant. Et nous demander, le temps de remettre nos manteaux, monter en voiture et rejoindre nos ordinateurs, comment nous avons pu changer autant.

Réalité augmentée: réponse à Jean-Louis

Je te trouve bien optimiste. Peut-être parce que, m'appliquant à observer -en moi et autour de moi- les effets pervers des nouvelles technologies sur les comportements humains, je ne peux que m'inquiéter quand je lis ce qui nous attend.

À quoi servent tous ces nouveaux gadgets, tous ces objets ludiques, sinon à nous infantiliser chaque jour un peu plus? De plus en plus de gens meurent de faim, la planète meurt tout court, et nous trouvons parfaitement normal de nous extasier sur des écrans tactiles, des jeux vidéos, des Kindle (celui-là méritera un article à part) et autres merveilles aussi stupéfiantes qu'inutiles pour l'évolution de l'espèce. Les énergies et l’argent gaspillés pour mettre au point un iPhone ne seraient-ils pas mieux utilisés pour financer des programmes agricoles en Afrique (par exemple) ? Sans parler des gogos prêts à passer la nuit dans la rue pour être parmi les premiers à pouvoir acheter –au prix fort- un nouveau gadget qui sera obsolète dans six mois, peut-être moins.

Ces remarques pourront paraître évidentes, voir banales à beaucoup d’esprits modernes et éclairés. Elles ne sont que l’expression d’une profonde inquiétude sur les effets à moyen terme des produits de l’intelligence de quelques-uns sur les cerveaux de tous. « Nothing is so strong as an idea whose time has come », dis-tu. Strong, sans aucun doute. Souhaitable, c’est une autre paire de manche.

La «réalité augmentée» : dernière étape avant la folie généralisée?

Extraits d’un article publié dans LE MONDE.fr d’hier :

« L'affiche d'un nouveau film collée sur un mur ? Un clic sur le téléphone mobile pour la prendre en photo, et presque aussitôt, la bande-annonce défile sur l'écran. Le cliché d'un monument historique ? Des informations touristiques apparaissent. La porte d'un immeuble, et c'est la liste des habitants avec leur numéro de téléphone qui s'inscrit.
…
Rêve pour certains, cauchemar pour d'autres, cette "réalité augmentée" devrait devenir effective d'ici une dizaine d'années. Mais, dès 2008, ses premières applications grand public apparaîtront.
Parmi les applications potentielles figurent bien sûr celles liées à la publicité, que celle-ci soit affichée dans la rue, dans une galerie marchande... ou dans un magazine.
…
Ainsi, en braquant le téléphone mobile sur un journal, une voiture en trois dimensions pourra surgir au milieu de la page visionnée à travers l'écran. Le système permettra même d'interagir avec la scène. Poser le doigt sur une zone précise de la photo permettra, par exemple, d'accéder aux caractéristiques techniques de l'objet vanté ou à ses principaux points de vente. »

La réalité augmentée. Cet article m’a fait froid dans le dos. Non pas pour les prodiges technologiques qu’il annonce, mais pour leurs conséquences sur nos cerveaux. Quand il suffira de photographier un objet quelconque –arbre, immeuble, voiture, statue, vitrine…- pour en connaître la face cachée, pour s’imaginer que l’on peut en percer le mystère, nul doute que certains commenceront à penser que la « vérité de la réalité » peut non seulement être dévoilée, mais également modifiée. Quand il suffira d’un clic sur leur téléphone pour connaître l’identité de tous les habitants d’un immeuble, alors pourquoi ne pourraient-ils pas gommer d’un autre clic ceux dont le nom ne leur revient pas ? Ou changer le prix de cette superbe voiture qui leur fait la nique dans la vitrine du concessionnaire? Ou éliminer cette queue ennuyeuse devant le cinéma -ou à la poste, ou au supermarché- et se retrouver immédiatement en première ligne?
Les technologies vont trop vite par rapport aux capacités d’adaptation du cerveau humain. Il serait peut-être temps de penser à des mesures préventives.
Quelques liens :
http://www.wisibility.com/blog.php/2007/04/05/360-decouvrez-la-realite-augmentee
http://www.journaldunet.com/solutions/0702/070209-realite-augmentee/intro.shtml

Piège à cons

«Ce sont les plus bas instincts qui stimulent les hommes du Kali Yuga. Ils choisissent de préférence les idées fausses…. Dans l’âge de Kali se répandent de fausses doctrines et des écrits trompeurs… Les gens accepteront comme articles de foi des théories promulguées par n’importe qui… Les hommes de peu d’intelligence, influencés par des théories aberrantes, vivront dans l’erreur» Linga Purânä chap. 40*

Les Purânä hindous, écrits entre le V° et le XI° siècle de notre ère, l’avaient prédit: au crépuscule du Kali Yuga (l’époque actuelle), la crédulité et le manque de sens critique augmenteront de façon exponentielle.
Serions-nous tous en train de devenir des gogos prêts à croire aux promesses mirobolantes du premier bonimenteur de foire venu, surtout quand la foire en question a des dimensions planétaires, j’ai nommé notre bien-aimé internet ?
Plus les promesses sont é-naur-mes, plus elles trouvent d’oreilles prêtes à les écouter. Des gens qui encore hier semblaient dotés d’une intelligence normale et d’un minimum de sens critique gobent n’importe quoi. À condition, bien sûr, que ce n’importe quoi leur promette de l’argent (mais était-il nécessaire de le préciser ?). Deux exemples:
-Un mail que j’ai reçu la semaine dernière où l’on m’annonçait que Bill Gates n’avait qu’une hâte, m’envoyer de l’argent -beaucoup d’argent- à condition que je transmette le mail en question au plus grand nombre de destinataires possible (voir texte à la page suivante).

-Un site où un monsieur me propose de gagner de l’argent -beaucoup d’argent- en dormant, grâce à la manne des e-books (voir page suivante). L’évidence même: vu que c’est mon métier d’écrire, je n’ai qu’à pondre un livre qui promette la lune aux gogos, et vu que je suis une petite rusée, je ne vais pas aller chez un éditeur qui n’attend qu’une chose, m’arnaquer. Je vais mettre mon opus en ligne sous forme de e-book. En un clic, les internautes pourront le télécharger (moyennant finances, of course). Ils pourront ainsi s’abreuver en temps réel des vérités que je leur aurai concoctées. Quant à moi, je pourrai rester dans mon lit douillet et gagner des sommes vertigineuses. CQFD.

Si certains d’entre nous sont prêts à tomber dans ce genre de piège, c’est probablement parce qu’ils attribuent des vertus magiques** à l’internet. Et effectivement, ce fabuleux outil qui nous déconnecte du temps en effaçant la durée, ainsi que les notions d’effort et de patience, apparaît magique à tous ceux (vous, moi et des millions de gens) qui ne savent pas exactement comment il fonctionne. Et vu qu’en deux clics je peux découvrir une quantité de choses sur des ancêtres dont je ne savais rien, ou vérifier la parfaite exactitude des dires d’une arrière-grand-mère, pourquoi ne suffirait-il pas de deux clics pour devenir riche ?

Je vous le demande.

*Purana (terme sanskrit signifiant "ancien") est le nom d'un groupe de textes de la littérature indienne, composés entre 400 et 1000 de notre ère. Élaborés pour tous, préférentiellement pour les femmes qui n'avaient pas accès aux veda, les purânä célèbrent de façon épique la geste d'un dieu particulier.
**Magique : Dont les effets sont extraordinaires, sortent du rationnel. Qui agit d’une manière surprenante. Psychol. Pensée magique : forme de pensée de l’enfant, entre 2 et 7 ans, caractérisée par une confusion entre l’univers subjectif et l’univers objectif (Petit Larousse).

l'actuelle accélération du temps

Cet intéressant article dont j'aimerais connaître l'auteur m'a été envoyé par Bernadette H.

"Tout le monde est d'accord pour dire que le temps passe de plus en plus vite, que les journées paraissent de plus en plus courtes, bref, que l'on court après le temps. Ceci est-il une illusion ou une réalité?

La nature physique du temps, de même que la nature physique de la pensée, sont des sujets que la science ne s'est guère aventurée à aborder, par crainte de déraper dans la métaphysique dont elle a très peur. En fait, le temps et la pensée ont un lien étroit. Plus l'activité cérébrale est intense et plus notre activité demande de concentration, plus le temps paraît court. Par contre, lorsque nous sommes contraints à ne rien faire, par exemple dans un contexte d'attente ou d'ennui, le temps paraît désespérément long. Le temps psychologique est donc bien une réalité qui existe en dehors du temps biologique et chronologique.

Mais allons plus loin. Il a été scientifiquement établi que nos rêves qui semblent durer des heures se déroulent en réalité en quelques secondes. Par ailleurs, tous ceux qui ont vécu un accident violent (collision, chute ... ) ont pu constater une démultiplication, une dilatation incroyable du temps pendant la seconde de l'évènement; ce phénomène est d'ailleurs régulièrement reproduit dans les films d'action. Enfin il est bien connu qu'au moment d'un accident violent pouvant aboutir à la mort, le film accéléré de toute notre vie se déroule ou se rembobine en une fraction de seconde.
Il ressort de tout cela que le temps peut se dilater ou se contracter en fonction de nos niveaux de conscience. Notre problème actuel est que l'ambiançe vibratoire générale de notre planète augmente trop rapidement dans cette phase de mutation due à la pénétration du système solaire dans des couches photoniques à haute énergie S9smiqIJS, par rapport à l'élévation du niveau de conscience planétaire de l'humanité qui a du mal à suivre; il est donc normal que le temps paraisse s'accélérer, et cela va aller en se précipitant jusqu'à ce que le grand basculement soit fini d'accomplir, c'est-à-dire en 2012.

À ce moment, le passage en 4ième et 5ième dimension (ou densité), permettra à ceux qui ont suivi d'aborder LA MAITRISE DU TEMPS. Encore faut-il en connaître les éléments qui permettent de le piloter. Or, il faut savoir que la nature du temps se décompose en 3 paramètres:
- la densité du temps qui permet de zoomer un évènement en multipliant le nombre de prises de conscience par seconde. Plus nous élevons notre fréquence vibratoire, plus nous pouvons dilater le temps - et contracter l'espace.
- le sens du temps, qui permet de naviguer dans le passé, mais aussi dans le futur - ce que les médiums ont toujours fait.
- l'intensité du présent, qui est liée à la puissance émotionnelle de l'évènement, et qui va imprégner plus ou moins puissamment la mémoire temporelle dans les plans physiques et akashiques.

Alors, chers amis, sachez que la maîtrise du temps sera votre prochain terrain de jeu associé à une envolée technologique spatio-temporelle ouvrant des horizons vertigineux, mais ce pouvoir est trop dangereux pour être confié à ceux qui n'auront pas voulu faire le passage obligé d'épuration intérieure qui est instamment demandé".

À bon entendeur...

NOTRE RAPPORT AU TEMPS EST-IL EN TRAIN DE CHANGER ?

Avez-vous vous aussi l’impression que le temps vous file de plus en plus entre les doigts ? Pour ma part, le manque de temps est devenu le problème n°1. À la fin de chaque journée, force m’est de constater qu’il m’aurait fallu au moins deux fois plus de temps pour faire ce que je voulais faire, ce que je devais faire.

Ce n’est pas pour vous raconter ma vie que j’affronte ce problème, mais pour essayer de cerner avec vous un phénomène qui, je crois, concerne une grande partie d’entre nous. À en croire les anciens textes hindous, nous vivons la dernière phase du Kali Yuga (« âge sombre » ou « ère des conflits ») et cet ultime chapitre avant l’entrée dans une ère nouvelle est caractérisé, entre autres, par l’accélération. Tout va toujours plus vite: nous pensons gagner du temps grâce aux nouvelles technologies, et pourtant nous savons que si l’on n’y prend pas garde ces merveilleux outils deviennent de terribles chronophages, des « bouffeurs de temps ».

Tout se passe comme si quelque chose était en train de nous échapper, comme si notre cerveau maîtrisait de moins en moins le temps, une notion étrange et totalement abstraite et qui n’existe que pour nous les humains. Les heures filent, les semaines, les mois se succèdent, nous laissant l’impression frustrante de ne pas avoir su les utiliser aussi bien que nous l’aurions dû.

Tout le monde sait que la notion du temps change avec l’âge et que plus les années s’accumulent au compteur, plus elles passent vite. Ce n’est pas de cela que je parle, mais du fait que le phénomène semble concerner tout le monde, toutes générations confondues : tous se plaignent d’avoir de plus en plus de mal avec leur emploi du temps, de plus en plus de peine à s’organiser, à gérer leurs journées de façon satisfaisante. Que s’est-il donc passé ?

Si vous en avez l’envie… (et le temps !) je vous propose de réfléchir ensemble sur une possible mutation de notre perception du temps.

À bientôt j’espère, pour parler… du temps !

Vélib à Paris: le début d'une révolution ?

Convaincre les citadins à renoncer à la voiture pour leurs déplacements en ville et opter pour les transports en commun ou pour la bicyclette: voilà le défi que la Ville de Paris à décidé de relever. À partir d’aujourd’hui, les Parisiens peuvent louer un vélo comme ils le veulent et quand ils le veulent. Plus de 10.000 vélos (20.000 dès la fin de l’année) accrochés à 750 stations réparties dans la capitale seront à leur service. Ce système de location en libre-service fonctionne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

L’initiative Vélib de Bertrand Delanoe suffira-t-elle à faire changer les mentalités et les habitudes quotidiennes des Parisiens? À faire entrer dans les esprits que, pour se déplacer en ville, le vélo est préférable à la voiture? Il faudra d’abord que les gens comprennent le mécanisme de l’abonnement et le fait que ce service n’est intéressant que pour les utilisations sur courtes distances. Il ne s'agit pas d'un service classique de location: le principe du vélo en libre-service est d'encourager la pratique de la bicyclette et de favoriser la rotation des vélos disponibles.
En prenant une carte Vélib’ d’un an à 29 euros-ou d’une semaine (5 €) ou même d’un jour (1 €) - vous pourrez effectuer, pour la durée de votre abonnement, tous les trajets que vous voulez. À condition qu’ils ne dépassent pas la demi-heure, qui est «gratuite», c’est-à-dire comprise dans l’abonnement. La demi-heure suivante vous coûtera 1 euro, après quoi vous serez débité de 4 € par demi-heure.
Vélib s’adresse donc en premier lieu aux personnes qui n’ont pas l’habitude de circuler en ville en vélo et pourront tester son utilité sur de petits trajets. Ceux qui veulent disposer d’un vélo pour la journée -ou la demi-journée- comprendront qu’ils ont tout intérêt à en acheter un. Prendre un vélo pour la journée serait en effet ruineux (57 € pour huit heures, si mes calculs sont bons). À moins de vous arrêter à une borne Vélib toutes les demi-heures et changer de véhicule, ce qui est tout de même un peu contraignant.

Le pape serait-il un fan de Brassens ?

«Il ne savent pas ce qu'ils perdent, tous ces fichus calotins
Sans le latin, sans le latin la messe nous emmerde.
… Le rite qui nous envoûte s'avère alors anodin
Sans le latin, sans le latin et les fidèles s'en foutent»*

APRÈS 40 ANS, LA MESSE EN LATIN FAIT SON COME-BACK
La nouvelle a été accueillie par les catholiques traditionalistes et par beaucoup d'évêques et de prêtres comme une véritable bénédiction: par le motu proprio «Summorum pontificum» publié samedi 7 juillet, Benoît XVI libéralise l'usage du Missel dit de Saint Pie V. Après 40 ans de messes dites dans les langues nationales, chaque prêtre sera désormais libre de dire la messe en latin, le dos tourné aux fidèles, comme c’était l’usage avant le Concile Vatican II. Le pape a voulu cette réforme pour «parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Église», a-t-il écrit dans sa lettre aux évêques, où il évoque entre autres les jeunes qui se sentent attirés par l’ancienne liturgie, y trouvant «une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convient».

C’est Tonton Georges qui va être content! Lui qui avait si vertement stigmatisé la banalisation du rite dans sa chanson «Tempête dans un bénitier» dont voici un autre passage :
«Le vin du sacré calice se change en eau de boudin
Sans le latin, sans le latin et ses vertus faiblissent»

La messe n'est pas un sujet qui me concerne en quoi que ce soit, mais cette nouvelle m'a remplie d'aise. Mon idée, c’est que Georges Brassens a dû apparaître en rêve au pape, lui suggérant que s'il voulait remplir un peu ses lieux de culte, il serait grand temps de revenir à la bonne vieille messe: son latin, son encens, ses enfants de chœur avec leurs goupillons, bref son esthétique et son mystère, sans lesquels un rite n'est pas un rite.

*Georges Brassens, «Tempête dans un bénitier»

Des journalistes qui pensent par eux-mêmes, ça existe encore

Comme on pouvait le prévoir, Paris Hilton est sortie de prison bien avant le terme, mais tout le monde ne considère pas que la demoiselle mérite qu’on en parle. Le Monde.fr d'aujourd'hui relate que Mika Brzezinski, journaliste de la chaîne câblée américaine MSNBC, a refusé d'ouvrir son journal avec cette nouvelle, dans l'émission "Morning Joe", mardi 26 juin. Pour bien faire comprendre son opposition aux téléspectateurs –et à ses supérieurs hiérarchiques-, la présentatrice a tenté de brûler son script en direct, à l'antenne, avant de le déchirer.

"Je ne vois pas l'intérêt de parler de cette histoire, et surtout pas en ouverture du journal!", s'est-elle exclamée, préférant donner la priorité à d'autres informations, comme la situation en Irak ou la politique intérieure américaine. Le responsable du journal télévisé voulait maintenir l'ordre de passage défini avant le direct et l'atmosphère sur le plateau est devenue de plus en plus tendue. Mika Brzezinski n'aura pas eu le dernier mot : le reportage sur Paris Hilton aura tout de même été diffusé dans l'émission matinale. Mais depuis une semaine elle continue à recevoir des messages de soutien. La vidéo de sa rébellion, qui circule sur le site de partage de vidéos YouTube, a été reprise dans de nombreux blogs à travers le monde et vue plus de 1,5 million de fois. Les 4.000 commentaires d'internautes sur l'extrait vidéo sont quasi unanimes : "fantastique !", "merci Mika !" ou encore "bien joué !".
Quelques jours après, la journaliste a expliqué son énervement dans une vidéo diffusée sur le site de la chaîne MSNBC : "Je n'ai rien contre Paris Hilton" mais "je me serais sentie trop stupide si j’avais commencé mon émission avec elle!".

La nullité commencerait-elle à marquer le pas? Les petites anecdotes de ce genre méritent d'être racontées car on sait que les petits ruisseaux font les grandes rivières. De rafraîchissants petits ruisseaux qui nous montrent qu'il y a encore des gens capables de réagir à la décérébration ambiante. Même aux États-Unis.

Que fait le mâle occidental ? Il plane...

"Aujourd’hui les jeunes hommes ne se retrouvent ni dans la virilité caricaturale du passé ni dans le rejet de toute masculinité. Ils sont déjà les héritiers d’une première génération de mutants"
Élisabeth Badinter

La photo est tout à fait réelle, il ne s'agit pas d'un montage. La baudruche, qui mesure au moins 20 m. de long, est un autoportrait de l’artiste Pawel Althamer. Elle sera maintenue dans les airs jusqu’au 5 juin, à l'Arena du Parc Sempione, en plein coeur de Milan, dans le cadre d'une exposition organiséee par la Fondation Trussardi. Ses qualités artistiques pourront sembler discutables aux esprits chagrins, mais son pouvoir évocateur est indéniable: comment ne pas y voir l’homme occidental contemporain, nu comme un ver, dépouillé de tous les oripeaux qui des millénaires durant ont revêtu la masculinité? Désarmé mais planant. Exposé à toutes les brises, à tous les courants d’air, mais LIBRE. Et pas si inconfortable que ça dans son actuelle indétermination, son attente on ne peut plus zen d’un nouveau statut, une nouvelle place à occuper dans le couple, la famille, la société dans son ensemble.

LA PRESSE S’INTERROGE...
Les journaux parlent de «déprime de l’homme blanc», d'une décadence qui serait symbolisée par les deux candidats à l’investiture démocrate à la présidentielle américaine: une femme (prénom Hillary) et un homme noir (prénom Barak)*. Ils s’inquiètent de «l’ultraféminisation de la société» et se demandent s’il ne conviendrait pas de «réhabiliter le patriarche»**. Ils notent que les petits machos des cités «s’habillent désormais à la mode homo»***. Ils déplorent la chute de production de spermatozoïdes chez l’homme occidental, qui aurait diminué de la moitié en 50 ans****... Entre temps, que font les intéressés? Ils planent béatement.

... ET BIEN SÛR LES FEMMES SE PLAIGNENT
De toute évidence, les donzelles n'ont jamais entendu parler de la loi de cause à effet: si elles se sont donné les moyens de muter (et Dieu sait que nous l’avons fait), pour quelle étrange raison les hommes ne devraient-ils faire de même? Et s’ils ne vont pas à la même vitesse que nous, s’ils se donnent le temps de planer un peu, pourquoi ne pas les laisser sur leur petit nuage? Parce qu’à trop exiger d’eux, à trop les harceler, ils pourraient décider de plonger vers un ailleurs inconnu, qu’ils se garderaient bien de nous dévoiler.
Et si par malheur les hommes devaient un jour disparaître, dites-moi de qui nous pourrions bien nous plaindre?

Photo de Jane Lehtinen, publiée dans Le Monde 2 du 23/12/06

*Le Monde2 23.12.06
** Nouvel Observateur 3-9 mai 07
**** Nouvel Observateur 17-23 mai 07
**** Le Monde2 7 avril 07

Paris Hilton : si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer

L'icône de la presse people, le porte-drapeau de la toute-puissance de l’argent, du mauvais usage que l'on peut en faire et et de la liberté qu’il confère, va faire un petit passage derrière les barreaux. L’arrière-petite-fille du fondateur de la célèbre chaîne d’hôtels Hilton devrait passer 45 jours en prison après avoir été verbalisée sur le Sunset Boulevard à Los Angeles; les phares de sa Bentley n'étaient pas allumés, elle roulait trop vite mais surtout elle roulait sans permis: il avait été suspendu en septembre dernier suite à son arrestation pour conduite en état d'ivresse, suivie d’une condamnation à trois ans de mise à l'épreuve.

Celle qui a tout et qui n’est rien, la jet-setteuse qui s’était fait connaître en diffusant sur l’internet une vidéo montrant ses ébats sexuels avec son petit ami, la star des magazines féminins et des centaines de sites internet qui la célèbrent, apparaît comme le produit ultime et caricatural d’une civilisation en pleine décadence. Le scandale n’est pas le personnage en lui-même: Paris n’est pas la première, parmi les rejetons de milliardaires, à transgresser la loi et donner un triste spectacle d’elle-même. L’inquiétant, c’est que, n’étant personne, elle soit si facilement arrivée à devenir «quelqu’un», un modèle pour des millions d’adolescentes qui ne rêvent que d’une chose: lui ressembler et avoir une vie comme la sienne.
Les valeurs qu’elle véhicule sont si totalement négatives que son personnage a quelque chose d’irréel. On la croirait créée de toutes pièces, peut-être par un démiurge bienveillant qui voudrait nous réveiller, nous secouer les puces en nous mettant sous le nez cette caricature vivante de l’Amérique et de la société occidentale dans son ensemble. Dans ce sens, chaque nouvelle frasque de Paris Hilton pourrait devenir un bénéfique rappel à l’ordre, une exhortation à ouvrir les yeux, à voir dans quel monde nous vivons: si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer.

Une fraction de seconde...

Combien de temps faut-il pour voter? Beaucoup moins que la durée de vie de cette goutte d’eau, avant qu’elle ne s’écrase au sol, ou ne s’évapore au soleil.
C’est si peu de chose, une goutte. À quelques mètres de distance, c’est à peine si on la voit. Et même si elle est visible, on ne la remarque pas. Mais essayez de vous approcher et vous verrez que cette goutte reflète tout ce qui se trouve autour d’elle, et qu’elle a des allures de diamant.

Chaque vote peut être comparé à une goutte d’eau dans l’océan des 43,6 millions d'électeurs français. Dimanche, des dizaines de millions de «gouttes» vont se prononcer sur les destins de Mr Sarkozy et de Mme Royal et, chose bien plus importante, de la direction que va prendre la France pour affronter ses problèmes et tenter de les résoudre.

Voter pour l’un, voter pour l’autre, ou s’abstenir? En son âme et conscience de goutte, chacun pourra choisir entre ces trois possibilités.

Le roman-photo du débat, ou ce que les candidats n'ont pas dit

Duel télévisé Sarko-Ségo: je ne ferai aucun commentaire, si ce n'est que toutes les phrases ou presque commençaient par "Moi je" ou "Je veux". Le vrai protagoniste de ce débat, c'était l'ego et de ce côté-là aucun des deux n'a rien à envier à l'autre. Voici donc, en ordre chronologique, quelques temps forts de cette mémorable soirée: avec, en sous-titres et sous une forme édulcorée, des hypothèses sur ce que les candidats pensaient pendant qu'ils parlaient.

Berceaux

Boris Eltsine, premier président de l’après Union Soviétique, repose au milieu du satin et des dentelles dans la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou. Le pope soulève le drap brodé avec la même délicatesse que pourrait avoir la jeune mère du tableau pour soulever le voile du berceau de son bébé endormi: l'étrange symétrie de ces deux compositions, l’une due au pinceau de Berthe Morisot, l’autre au hasard d’une photographie, semble vouloir nous rappeler que la mort n’est en réalité qu’un retour aux sources, une seconde naissance, un passage à une autre dimension. L’enfant commence sa vie terrestre couché dans un berceau, d’où il va peu à peu s’éveiller au monde et prendre conscience de lui-même. Quand son heure sera venue, il quittera ce monde couché dans un autre berceau, d’où son âme s’en ira pour commencer un autre voyage... et -qui sait- se réincarner et recommencer une nouvelle existence, dans un nouveau berceau...

À propos de Virginia Tech

Les États-Unis sous le choc s’interrogent sur la tuerie de l’Université Virginia Tech. Et je m'interroge aussi, ayant passé un an dans une université américaine, il y a bien longtemps, à une époque où l'american way of life était un modèle et ses campus, de petits paradis.
Pourquoi, une nouvelle fois, un massacre dans une école? Ce drame est-il lié à la diffusion des armes à feu parmi la population civile, ou au contraire -comme l’avancent certains (!)- au fait que les armes étant interdites sur le campus, les étudiants n’ont pas pu riposter et tirer à leur tour ? «Tous se demandent comment on a pu en arriver là : “Peut-être est-ce dans la nature humaine, ou bien dans la tradition américaine?“»*

Inondés comme nous le sommes de films et téléfilms américains qui nous dépeignent une société d’une violence -et d’une haine- sans commune mesure avec ce que nous voyons chez nous, on serait tenté de répondre que les États-Unis sont une nation structurellement violente, s’étant construite sur l’invasion d’un continent, l’extermination systématique de ses habitants puis l’importation -car c’était bien d’une marchandise qu’il s’agissait- d’esclaves prélevés sur un autre continent, pour permettre aux envahisseurs de s’enrichir plus efficacement. Mais il serait hasardeux d’en déduire que la violence est présente dans le DNA des Américains: d’autant plus que, cette fois-ci, le tueur vient d’une toute autre partie du monde, la Corée du Sud. Il pourrait également sembler hasardeux d’affirmer que l’influence néfaste de l’american way of life a fait d’un jeune asiatique un psychotique et un tueur. Une fois de plus, je me tourne vers le bouddhisme pour tenter d’y voir un peu plus clair.

Printemps

Le printemps sur la Côte d’Azur, c’est peut-être ce qui se rapproche le plus de l’idée de paradis terrestre. Chacun en perçoit l’arrivée à sa façon, chacun reconnaît les signes qui lui parlent. Hier, c’est en observant le rideau de la chambre doucement poussé par la brise matinale et en sentant sur ma peau à quel point cette brise était tiède que j’ai compris que la belle saison était vraiment là. Plus tard, en pédalant sur la Grande Corniche, je me suis extasiée -comme chaque année- sur la magnificence de l’arbre de Judée et la splendeur chiffonnée des cistes.

Je ne savais pas qu’au même moment, de l'autre côté de l'Atlantique, ce n'était pas le paradis mais l'enfer qui venait de se déchaîner. Un étudiant de l’université Virginia Tech commençait son massacre: deux morts dans un premier temps, trente-et-un deux heures plus tard (y compris le tueur).
Hier soir, en lisant le remarquable livre « À la recherche du soi » de Arnaud Desjardins, je me suis interrogée sur ces trente-deux personnes qui se sont trouvées, par la fatalité d’une mystérieuse chaîne de causes à effets, sur le parcours du forcené. Arnaud Desjardins dit que nous attirons ce qui nous arrive, que c’est notre peur qui attire l’événement. Mais dans ce cas, comme dans d’autres similaires, les victimes n’avaient pas peur: de quoi auraient-elles dû avoir peur? Comment imaginer qu’elles ont «attiré» le tueur? Pourtant le karma de chacune d’entre elles les a implacablement guidées à la rencontre d’une mort absurde, au printemps de leurs vies.

La femme, « un homme comme les autres » ? ? ?

Ce n’est pas parce qu’une expression est célèbre qu’elle est forcément bonne à dire, et même les carpes du jardin japonais de Monaco en sont restées bouche bée: dans le Nouvel Obs de cette semaine*, à l’occasion de la sortie de son livre «Madame la... ces femmes qui nous gouvernent» Christine Ockrent déclare qu’Hillary Clinton «a tout fait pour incarner le rêve absolu des féministes: prouver qu’une femme peut être un homme comme les autres». Désolée, Madame Ockrent, mais cette phrase a de quoi stupéfier: non seulement les féministes ou ex-féministes, mais toutes les femmes qui se sont battues et se battent encore pour plus de parité, de respect, de liberté mais n’ont aucune envie, mais alors vraiment aucune, de devenir des hommes. On peut supposer que par «homme» Christine Ockrent entendait «être humain à part entière». Mais ce genre de propos est dangereux car il peut porter une partie des lecteurs (surtout les plus jeunes) à penser que les combats des femmes n’avaient et n'ont qu’un seul but: les faire ressembler aux hommes! Alors que l’essence même du discours féministe était de souligner les spécificités de la condition féminine, de «l’être femme». Ayant quitté la France très jeune, j’ignore si Madame Ockrent a rallié les rangs des féministes. Si elle l’a fait, il semble qu’elle ait aujourd'hui de sérieux problèmes de mémoire.

*p.7, "Brève rencontre avec Christine Ockrent"

10 ans sans voiture

Le 5 avril 1997, j’ai conduit à la casse ma voiture, une Alfa-Roméo qui avait connu des jours nettement meilleurs. C’est alors que je me suis posé la question fatidique, à laquelle je pensais depuis un bout de temps : en acheter une autre ou renoncer à l’automobile? Après un rapide inventaire des pour et des contre, j’ai décidé que la seconde option était avantageuse pour mon porte-monnaie, et encore plus pour mon équilibre nerveux et ma forme physique. Et qu’en outre il était moralement discutable de se déplacer en voiture et de contribuer à la pollution atmosphérique quand on vit seule et que l’on travaille chez soi.
Je roulais déjà beaucoup en vélo : il m’a suffi d’acheter un petit scooter 50 et le tour était joué. Tous mes déplacement en ville se feraient désormais à pied, à bicyclette, en scooter ou en bus, selon le temps dont je disposerais, et celui annoncé par la météo.
Dix ans plus tard, le bilan est totalement positif : me libérer de la voiture et de tous les problèmes afférents m'a donné une sensation de légèreté à laquelle je ne renoncerais pour rien au monde.

Vive la lenteur, et vive la sieste !

Nous dormons, paraît-il, de moins en moins. Les dossiers que l’on rapporte du bureau, la télévision et... les sirènes de l’internet qui nous scotchent à notre écran de PC jusqu'à pas d'heure, tout contribue à retarder l’heure du coucher et à augmenter notre « dette de sommeil ». Pour pallier à cette dette et éviter d'infliger aux autres nos baillements d'hippopotames (au bureau, dans la rue, au volant... c'est fou ce que les gens peuvent bailler!) rien de tel qu’une sieste de moins de vingt minutes à la mi-journée. La science se penche très sérieusement sur ce que le bon sens populaire sait depuis la nuit des temps : de nombreuses études scientifiques ont montré que la sieste peut diminuer la somnolence pendant la journée et augmenter la vigilance. Le Pr Philip, qui dirige la clinique du sommeil au CHU de Bordeaux*, conseille de faire une courte "sieste dynamisante" en début d’après-midi, mais d'éviter la tranche horaire 18-20 heures.
Ma grand-mère n’aurait pas dit mieux.

*Voir Le Monde du 28 mars: «Qui fait la sieste paie ses dettes»

Illustr.: "La sieste du lettré" Anonyme des Ming ("L'espace du rêve" de François Cheng Ed. Phébus)

Peur de manger?

« Prenez un plat de céréales Oshawa que vous mangez tendu, contracté, anxieux... il vous fera du mal. Prenez une choucroute garnie de saucisses, de saucisson, de jambon et de lard que vous mangez détendu, pacifié, serein, elle vous fera du bien »*

Le Monde2 de cette semaine publie « Parano dans l’assiette ». Dans l’annonce de l’article (p.5), on peut lire « la paranoïa a gagné notre rapport à la nourriture... cet acte élémentaire et fondamental -mais aussi jouissif- s’est transformé, pour un nombre grandissant de Français et de Françaises, en facteur d’angoisse... ».

Mais dans quel monde vivons-nous ? Le plaisir serait-il en train de disparaître de nos vies ?
-Nous avons renoncé à fumer et c’est tout bonus -même si, reconnaissons-le, il s’agit tout de même d’un deuil : fumer nous donnait souvent du plaisir-.
-Nous ne pouvons plus toucher à l’alcool quand nous sortons, de crainte qu'on nous enlève notre permis de conduire.
-Nous sommes en train d’oublier que manger est un des plaisirs de la vie : un plaisir renouvelé tous les jours, sans risque de faire du mal à autrui, ni de se mettre dans des situations compliquées avec d’autres personnes, ni de contracter de graves maladies (si nous nous alimentons de façon raisonnable).
L’article du Monde2 est centré sur la terreur des calories et du surpoids toujours aux aguets. Mais la diabolisation de la nourriture ne concerne pas seulement notre peur de grossir : nous avons également peur de nous empoisonner. Chaque bouchée est une menace, chaque ingrédient un potentiel ennemi caché. Y aura-t-il des OGM, des pesticides, de dangereux agents conservateurs (ou sinon des bactéries à la pelle) ? On s’obsède sur les nutriments, on se nourrit aux alicaments, on confond nourriture et thérapeutique, alors que la façon dont nous mangeons est beaucoup plus importante que ce que nous mangeons. Un pays comme la France, avec une cuisine régionale aussi riche, où l’on oublie le plaisir de la bonne chère et du bon vin, est un pays en danger. Bon appétit !

* La citation est de Arnaud Desjardins dans « Au-delà du Moi » (La table ronde 1979)